La Grande Colombie : c’est quoi ?
- LatamSinFiltro
- 6 juil.
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La Grande Colombie est un terme utilisé par les historiens pour désigner en réalité la République de Colombie, mise en place entre 1819 et 1831, afin d'éviter toute confusion avec l'actuelle République de Colombie. La Grande Colombie réunissait la Colombie, le Venezuela, Guyana, l'Équateur et le Panama au sein d'un seul même État.
Le projet de la Grande Colombie s’inscrit dans le contexte des guerres d’indépendance en Amérique latine. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'en 1830, de nombreux groupes tentent d’obtenir l'indépendance de leurs pays de l’Espagne. Mais ces groupes ne cherche pas seulement à s'affranchir de la Couronne espagnole, ils exigent également l'abolition de l'esclavage et souhaitent mettre fin à la pyramide sociale de la colonie.
Bien que l'idée d'unifier plusieurs pays d'Amérique latine et de créer une « grande nation » soit généralement attribuée à Simón Bolívar, ce concept avait déjà été évoqué dans les écrits du révolutionnaire vénézuélien Francisco de Miranda (1750-1816). Ce dernier avait élaboré un projet de gouvernement pour un grand État qui unifierait plusieurs pays hispaniques.
En 1815, Simón Bolívar reprend cette idée d'une grande nation dans sa lettre de Jamaïque. Il y explique, entre autres, que les nouveaux États hispano-américains devraient s'unir et établir une alliance afin de lutter ensemble contre la Couronne espagnole.

Création de la Gran Colombie
Inspiré des idées de Francisco de Miranda, le Congrès d'Angostura fut inauguré au Venezuela en février 1819.
Il se tint pendant les guerres d'indépendance du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade (nom donné à la Colombie sous la vice-royauté espagnole).
Organisé par Simón Bolívar, cet événement réunit des représentants du Venezuela, de l'Équateur et de la Nouvelle-Grenade afin de mettre en œuvre des lois protégeant les potentiels nouveaux États après la défaite espérée des troupes espagnoles.
Les représentants réfléchirent à la manière de stabiliser la fin des guerres d'indépendance, d'organiser les territoires et projetèrent d'élaborer une nouvelle Constitution pour ce grand État avant-gardiste.
Le 7 août 1819, Simón Bolívar remporte la bataille de Boyacá en Nouvelle-Grenade contre les troupes royalistes, mettant ainsi fin à la guerre d'indépendance colombienne. La défaite politique des troupes royalistes fut reconnue en 1820. Cette victoire eut des répercussions importantes, car elle facilita l'émergence de la République de Colombie, la « Grande Colombie », le 17 décembre 1819, dans le cadre du Congrès d'Angostura. En 1819, la Grande Colombie regroupe les territoires de Quito (Équateur), du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade. Sa capitale est à Bogotá.
En 1821, le Premier Congrès général de la République de Colombie fut organisé dans le cadre du Congrès de Cúcuta, ratifiant la création de la Grande Colombie avec une Constitution. La Constitution d'Angostura et le nouvel État émergèrent dans un contexte géopolitique complexe : le nouvel État s'étend de la frontière du Mexique à celle du Pérou, les deux centres du pouvoir colonial espagnol en Amérique latine, et les guerres d'indépendance ne sont pas encore terminées partout dans la région.
Simón Bolívar devient président de la République, et Francisco de Paula Santander, son vice-président. Chaque département est dirigé par un vice-président. Au départ, Bolívar s'implique principalement dans la libération du Venezuela et de Quito, tandis que Francisco de Paula Santander dirige le gouvernement.
Le 29 novembre 1821, le Panama décide de rejoindre la Grande Colombie. Après la bataille de Pichincha, le 24 mai 1822, les territoires de Quito obtiennent officiellement leur indépendance et rejoignent officiellement la Grande Colombie. Après des négociations avec Bolívar, la province libre de Guayaquil (Equateur) accepte également de se joindre à la Grande Colombie. En 1823, les Vénézuéliens sortent victorieux de la guerre contre la Couronne espagnole.

La fin de la Grande Colombie
Plusieurs obstacles entravent le bon fonctionnement de cet État unitaire. Son extension géographique constitue l’un deux, entravant la communication entre les vice-présidents de chaque département.
De plus, les divergences d'intérêts entre les dirigeants politiques régionaux et les tensions entre, d’une part, Bolívar et les défenseurs du centralisme et, d’autre part, les partisans du fédéralisme, commencent à fragiliser l'union. Selon les fédéralistes, Bolívar concentre trop de pouvoirs, surtout après 1828. Face à toutes les critiques, Bolívar décide d'instaurer une dictature. En conséquence, l'Équateur et le Venezuela déclarent leur indépendance de la Grande Colombie en 1830. L'État est officiellement dissous en 1831.
La Grande Colombie est un symbole représentatif des rêves et idéaux d'unité, d'intégration régionale et d'indépendance des pays d'Amérique latine. Ce rêve d'unité a été repris par des politiques populistes de gauche afin de créer une certaine nostalgie, ce fut notamment le cas d’Hugo Chávez au Venezuela. Chávez a créé un imaginaire autour de Simón Bolivar, pilier de sa “révolution bolivarienne”.
Bibliographie :
« La creación de la Gran Colombia tras la victoria de Boyacá | Archivo de Bogotá ». Consulté le 3 juillet 2025. https://archivobogota.secretariageneral.gov.co/noticias/la-creacion-la-gran-colombia-tras-la-victoria-boyaca.
Milenioscuro. Mapa político de la Gran Colombia (1826). 25 février 2018. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gran_Colombia_in_1826.svg.
Procolombia. « La gran Colombia de Simón Bolívar | Marca País », 4 avril 2025. https://colombia.co/pais-colombia/historia/asi-fue-la-gran-colombia-de-bolivar.
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