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Nouvelles Routes de la Soie en Amérique latine : une aubaine ?

Dernière mise à jour : 29 mai


la colombie va intégrer les nouvelles routes de la soie chinoises
Photo: Presidencia de Colombia

Le 12 mai 2025, dans une interview accordée à Bloomberg, le président colombien Gustavo Petro a annoncé que la Colombie rejoindrait les nouvelles Routes de la Soie chinoises, devenant ainsi le vingt-et-unième pays d'Amérique latine à en faire partie.

Le président Petro a déclaré que l’adhésion au projet chinois serait moteur de "développement industriel de pointe". Compte tenu des récentes tensions entre le président américain Donald Trump et Gustavo Petro au sujet de l’expulsion des migrants colombiens et de la mise en place de tarifs douaniers sur les produits colombiens, Petro a décidé de chercher de nouveaux alliés.


Ce n’est pas la première fois que nous parlons du rapprochement de la Chine avec les pays d’Amérique latine sur Latam Sin Filtro. Le rapprochement avec la puissance asiatique a commencé au début du 21e siècle. Je vous invite à jeter un œil à mon article "Le canal de Panama : au coeur de la guerre commerciale Etats-Unis Chine" pour en savoir plus sur ce sujet et sur l’initiative chinoise “Belt and Road”. Pour les nouveaux venus, voici un petit résumé :


En septembre 2013, le président chinois Xi Jinping a annoncé le lancement de la BRI, «Belt Road Initiative» en anglais, un projet commercial et géopolitique ambitieux qui consiste en l’injection de ressources financières et la construction d’infrastructures telles que des routes, des ponts, des chemins de fer et des ports dans des points stratégiques du monde, afin de consolider la présence mondiale de la Chine et de ses entreprises.

21 pays d’Amérique latine ont souhaité se joindre au projet mais le Panama a décidé de se retirer en 2025. Les nouvelles Routes de la Soie ont permis à des pays comme le Pérou de développer leurs infrastructures de transport grâce aux investissements chinois. 


En effet, l'Amérique latine constitue une zone stratégique pour le projet chinois, d'abord en raison de la taille de son marché, mais aussi parce que la région abrite l'une des principales réserves d'hydrocarbures au monde, avec 22 % des réserves mondiales de pétrole. Elle dispose également de l'une des principales réserves d'eau douce au monde et dispose de 66% des réserves mondiales de lithium, 47 % des réserves de cuivre, 45 % des réserves d'argent, 23 % des réserves de nickel et 14 % des réserves de fer.[1] 

Enfin (il y a bien d’autres avantages), l’Amérique latine dispose de nombreuses terres arables productives.


Les nouvelles Routes de la Soie sont-elles réellement moteur de développement industriel pour l’Amérique latine ? 



Les impacts positifs des nouvelles Routes de la Soie en Amérique latine


Commerce


Tout d'abord, selon un article publié par le Conseil national de recherche scientifique et technique d'Argentine (CONICET), en 2023[2], le développement des relations avec la Chine et l’adhésion de plusieurs d’entre eux aux nouvelles Routes de la Soie leur ont permis d’augmenter considérablement leurs exportations, réduisant leur besoin de financement externe, puisque les exportations leurs permettent de remplir leurs réserves de change. 


Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous, selon les données des Nations Unies, les exportations vers la Chine en provenance de la plupart des pays d'Amérique du Sud comme le Pérou ou le Brésil ont explosé entre 2000 et 2019.



Part des exportations à destination de la Chine sur le total des exportations par pays, 2000, 2010 et 2019 (en pourcentages)

évolution des exportations latinoaméricaines à destination de la Chine 2000-2019
Source : Andrés Wainer, “¿Un puente al desarrollo? Cambios en el comercio de América Latina con Estados Unidos y China”, Problemas del desarrollo 54, núm. 213 (junio de 2023)https://doi.org/10.22201/iiec.20078951e.2023.213.6993

Dans le cas du Chili, ses exportations en Chine ne représentaient qu’un peu plus de 5% de ses exportations totales en 2000, en 2019 ces dernières représentèrent 30 %. On peut également souligner l’évolution des exportations brésiliennes et péruviennes en Chine qui ont plus que doublé sur la même période.


Selon les estimations, les échanges commerciaux entre la région et la Chine ont été multipliés par 22 entre 2000 et 2013, représentant 266 milliards de dollars en 2017. [3].


En outre, l'étude du CONICET souligne que le rapprochement de la région avec la Chine s’est également traduit par une augmentation des investissements chinois, notamment après la crise de 2008. Les investissements sont particulièrement importants en Amérique du Sud, probablement parce qu'elle concentre la plupart des ressources naturelles de la région. Selon les données du gouvernement chinois, fin 2022, les investissements directs chinois en Amérique latine et dans les Caraïbes représentaient 596,2 milliards de dollars. Entre 2013 et 2022, les investissements chinois dans la région ont été multipliés par sept.[4]



Solutions de financement et projets d'infrastructure


Selon un article publié par Juan Sebastián Schulz de l'Université de Buenos Aires en 2021[5], depuis 2005, la Chine a accordé près de 120 milliards de dollars de prêts aux pays et aux entreprises latinoaméricaines. Le Venezuela a reçu environ 56,3 milliards de dollars et le Brésil 22 milliards de dollars à travers les prêts chinois.


Parmi les plus grands projets d'infrastructure résultant de l'adhésion des pays d'Amérique latine aux nouvelles Routes de la Soie, on peut citer la construction d'un canal interocéanique au Nicaragua qui permettrait le passage de navires entre les océans Atlantique et Pacifique (permettant de concurrencer le canal de Panama dont bénéficient principalement les États-Unis); un grand projet de chemins de fer qui relierait le port brésilien de Santos au port péruvien d'Ilo dans le Pacifique; le méga-port de Chancay au Pérou. Les pays d’Amérique latine devraient bénéficier de ces projets qui leur permettront en théorie de devenir plus compétitifs et d’intensifier le commerce régional et international. On soulignera toutefois qu’aucun de ces projets n’est encore terminé et que pour beaucoup, ils n’ont même pas encore commencé.



Une relation asymétrique et le phénomène de reprimarisation des économies latino-américaines


Comme démontré dans la première partie de cet article, le rapprochement entre la Chine et l’Amérique latine, largement lié à la croissance économique de la Chine et à sa nouvelle vision des relations internationales dans un monde multipolaire, a eu un impact commercial plutôt positif pour l’Amérique latine, surtout en termes d'exportations.


Cependant, nous allons maintenant voir que les nouvelles Routes de la Soie sont également l’une des causes de la désindustrialisation de l’Amérique latine.


Si l'on écoute le discours de Xi Jinping et que l’on se base sur les objectifs du projet chinois, les nouvelles Routes de la Soie doivent reposer sur le “bénéfice mutuel” des deux parties. La Chine assure proposer une alternative à la présence historique des États-Unis dans la région à travers une coopération Sud-Sud. 


Néanmoins, une étude réalisée par la CEPALC en 2021 [6] explique que les relations entre la Chine et l'Amérique latine, au lieu de promouvoir le développement industriel dans les pays d'Amérique latine, au contraire renforcent le modèle «centre-périphérie» pouvant nuire au développement industriel et technologique. 


Qu’est-ce que la théorie centre-périphérie ?


La théorie centre-périphérie a été inventée par l'économiste argentin Raúl Prebisch, ancien secrétaire exécutif de la CEPALC. Cette théorie établit que le commerce et l'économie mondiale seraient organisés de la manière suivante :

  • Un centre formé des pays développés qui dominent les techniques de production capitalistes, disposant d’une productivité élevée et d’une économie diversifiée. En général, ce sont des pays exportateurs de produits manufacturés.

  • Une périphérie composée de pays spécialisés dans la production et l’exportation de matières premières. Ces pays disposent généralement d'une industrie peu productive.


Les bénéfices du secteur industriel, du commerce de détail et de gros sont générés et dépensés au centre. Les bénéfices du secteur des matières premières sont générés en périphérie mais aussi dépensés au centre.


En fin de compte, les relations entre l’Amérique latine et la Chine ne semblent pas respecter le principe de bénéfices mutuels et s'avèrent être assez asymétriques.

Le nouvel acteur chinois qui prétend parfois constituer une alternative au "néocolonialisme" américain dans la région semble en réalité entretenir des relations économiques et commerciales très similaires avec l’Amérique latine.


Importations/EXPORTATIONS


Dans le graphique ci-dessous, on peut voir que dans la plupart des pays d’Amérique du Sud, les exportations vers la Chine sont principalement des matières premières ou des produits des secteurs de faible ou moyenne technologie. Il y a des exceptions comme le Costa Rica qui a longtemps produit des composants informatiques, notamment à travers de la société Intel.


Exportations latinoaméricaines et du reste du monde à destination de la Chine, 2011 (en pourcentages)


exportations latinoaméricaines à destination de la Chine en 2011
Source : “Política industrial, crecimiento económico e inserción  internacional: comparación de países seleccionados”, CEPAL, Revista CEPAL, núm. 135 (Diciembre de de 2021): 245.

Le document suivant est un tableau représentant la variation en pourcentage des exportations latinoaméricaines par secteur :


Variation des exportations latinoaméricaines et du reste du monde à destination de la Chine, par secteur, 2011

variation de exportations latinoaméricaines à destination de la chine par secteur
Source : El documento siguiente es una tabla de la variación en porcentaje de las exportaciones por sectores en varios países de América Latina:

On constate que dans la plupart des pays étudiés, les exportations de matières premières ont augmenté tandis que les exportations dans les autres secteurs ont,

quant à elles, diminué. Il convient toutefois de préciser que la tendance semble être mondiale, puisque le « reste du monde » n’a enregistré une augmentation des exportations que dans les secteurs des services et des matières premières. 


Ci-dessous un graphique issu du même rapport de la CEPALC des types de produits importés de Chine par l’Amérique latine :


Importations d'Amérique latine et du reste du monde provenant de Chine, 2011 (en pourcentages)

importations latinoaméricaines provenant de Chine, 2011
Source : “Política industrial, crecimiento económico e inserción  internacional: comparación de países seleccionados”, CEPAL, Revista CEPAL, núm. 135 (Diciembre de de 2021): 245.

On constate qu’à l’exception du Panama et du Chili, les pays d’Amérique latine importent principalement des produits de haute technologie.


Tout cela nous pousse à constater que le modèle commercial de l’Amérique latine

est toujours basé sur l’exportation de matières premières et de biens à faible valeur ajoutée et sur l’importation de produits manufacturés à forte valeur ajoutée.

Le rapport de la CEPALC indique que les produits à faible valeur ajoutée et les matières premières constituent moins de 10 % des biens importés de Chine par l’Amérique latine.


De même, en 2013, la Chine a acheté 15 % du total des exportations agricoles et minières latinoaméricaines alors qu’elle n’a acheté que 2 % de ses exportations de produits finis.[7]


En 2018, moins de 5 % des exportations dirigées vers la Chine étaient des produits de secteurs de moyenne ou haute technologie, tandis que plus de 60 % des bien importés de Chine étaient issus des secteurs de moyenne et haute technologie.

Pour terminer, 80 % des exportations vers la Chine étaient des produits de base non transformés tels que le soja, les minéraux et le pétrole.[8]



Développement industriel


Variation de la production, par secteur, en Amérique latine, en Chine et dans le reste du monde, 2011 (en pourcentages)

évolution de la production par secteur amérique latine
Source : “Política industrial, crecimiento económico e inserción  internacional: comparación de países seleccionados”, CEPAL, Revista CEPAL, núm. 135 (Diciembre de de 2021): 245.

Dans ce tableau, on peut voir que tous les pays d’Amérique latine sélectionnés pour cette étude ont enregistré une baisse de la production de biens de haute technologie et, en général, presque tous les pays ont enregistré une baisse dans tous les secteurs industriels de moyenne et basse technologie (tout comme le reste du monde). 


Lucia Bravo, chercheuse à l'Observatoire de l'activité du capital chinois en Argentine et en Amérique latine [9], affirme qu'après plus de 10 ans de relations avec la Chine, aucun changement substantiel n’a été constaté quant à la structure socio-économique des pays latinoaméricains. Les relations sino-latinoaméricaines ont au contraire approfondi le phénomène de reprimarisation des économies latinoaméricaines.


Concurrence


La présence croissante des entreprises chinoises et de leurs produits sur les marchés latino-américains pourrait entraver le progrès et l’innovation de l’industrie  latino-américaine et intensifier la concurrence pour les entreprises locales qui ne sont pas encore bien développées.


Investissements et financements chinois


Plusieurs études soulignent que les investissements chinois dans les projets d'infrastructures facilitant les échanges commerciaux entre la puissance asiatique et l'Amérique latine pourraient approfondir le modèle commercial centre-périphérie et l’extractivisme dans la région, impliquant une dépendance importante aux investissements étrangers. 


En outre, la plupart des investissements chinois sont orientés vers le secteur primaire  et les crédits chinois sont utilisés pour construire des infrastructures de transport qui permettent d’exporter, entre autres, les matières premières. L’Empire du Milieu cherche à accéder directement aux ressources naturelles dont il a besoin pour sa vaste industrie. 


Il y a, au contraire, très peu d’investissements consacrés à la recherche et au développement industriel. En effet, les pays développés, et dans ce cas la Chine (même si elle n’est pas encore considérée comme un pays développé), mènent les activités de recherche sur leur propre territoire. 


En ce qui concerne les prêts accordés par la Chine aux pays d’Amérique latine, bien que les conditions d’austérité traditionnelles établies par les États-Unis, l’Europe ou les organisations multilatérales pour l’octroi de prêts ne soient pas imposées, les crédits et leur paiement sont effectués selon les mêmes pratiques coercitives, typiques des relations centre-périphérie [10].


Pratiques coercitives : Porter atteinte ou menacer de porter atteinte au débiteur et à ses biens pour le forcer à payer sa dette. 


Avec tous ces éléments, on peut donc affirmer que le développement des relations avec la Chine et l’augmentation des échanges commerciaux avec la puissance asiatique approfondissent la reprimarisation des économies latino-américaines : au lieu d’investir dans l’industrie et la R&D, les pays d’Amérique latine basent à nouveau leur économie sur la production et l’exportation de matières premières (issues d’activités agricoles, d’élevage, minières ou de pêche), dont les prix sont déterminés par la conjoncture économique internationale. Ce modèle s’avère très instable et a également des impacts environnementaux et sociaux négatifs. 


De plus, les profits générés par le secteur primaire profitent souvent aux multinationales, notamment dans le secteur minier, qui investissent et/ou produisent. Pour attirer les investissements des grandes multinationales étrangères, ces dernières bénéficient d’un faible impôt sur le revenu. 



Conclusion


Dans l’ensemble, les résultats positifs de l’intégration des pays d’Amérique latine aux nouvelles Routes de la Soie doivent être nuancés. Bien que le rapprochement de la Chine avec l’Amérique latine a permis l’émergence d’une nouvelle classe moyenne dans la région au début des années 2000, notamment grâce au supercycle des matières premières et l'augmentation de leur prix, la Chine participe également à la désindustrialisation et à la reprimarisation des économies latino-américaines. Les pays basent  à nouveau leur économie sur une modèle extractiviste.


Ainsi, hormis l’intensification des échanges commerciaux et l’augmentation des exportations vers la Chine, aucun bénéfice significatif n’a été observé suite à l’intégration au projet chinois. La Chine n’est pour l’instant ni une solution ni une alternative à la dépendance de l’Amérique latine envers les États-Unis ; la puissance asiatique cherche davantage  à devenir le nouvel acteur dominant dans cette région stratégique. N’oublions pas que l’initiative « Belt and Road » est avant tout un projet géopolitique.


Il est nécessaire de revoir le rôle de l’État dans l’économie et de réactiver le régionalisme latino-américain afin de limiter la dépendance de l’Amérique latine à l’égard de la Chine et de ses entreprises. Les Etats latinoaméricains doivent trouver des solutions afin d’attirer davantage d’investissements chinois vers d’autres secteurs plus productifs de l’économie et afin de stimuler les exportations de biens à plus forte valeur ajoutée. 



[1] Pedrosa, M. J. (2017). « La Chine gagne du terrain dans le secteur minier en Amérique latine. » Exploitation minière panaméricaine, https://www.mineria-pa.com/reportajes/china-se-posiciona-la-mineria-latinoamericana/.


[2] Andrés Wainer, « Un pont vers le développement ? Évolution des échanges commerciaux de l'Amérique latine avec les États-Unis et la Chine », Problèmes de développement54, nle 213 (juin 2023) : 3–30, https://doi.org/10.22201/iiec.20078951e.2023.213.69938.


[3]Molina Díaz, E. y Regalado Florido, E. (2017) “Relaciones China-América Latina y el Caribe: por un futuro mejor”. Economía y Desarrollo, vol. 158, no.2, p. 105-116, La Habana jul.-déc. 2017.


[4] « La coopération en matière d'investissement entre la Chine, l'Amérique latine et les Caraïbes enregistre une amélioration de la qualité - Portail Belt and Road », consulté le 26 mai 2025, https://esp.yidaiyilu.gov.cn/p/00QOVBU9.html.


[5] Juan Sebastián Schulz, « La nouvelle route de la soie en Amérique latine et dans les Caraïbes : opportunité multipolaire ou nouvelle colonialité dépendante ? » e-l@tina19, nle76 (2021) : 1–4, https://www.memoria.fahce.unlp.edu.ar/library?a=d&c=arti&d=Jpr12712.


[6] « Política industrial, crecimiento económico e inserción  internacional: comparación de países seleccionados », CEPAL, Revista CEPAL, no 135 (Décembre 2021): 245.


[7] Juan Sebastián Schulz, « La nouvelle route de la soie en Amérique latine et dans les Caraïbes : opportunité multipolaire ou nouvelle colonialité dépendante ? » e-l@tina19, nle76 (2021) : 1–4, https://www.memoria.fahce.unlp.edu.ar/library?a=d&c=arti&d=Jpr12712.


[8]AGRAMONT, D. & BONIFAZ, G. (2018). « Le débarquement chinois en Amérique latine et sa manifestation en Bolivie », Éditions Plurielles, Paix.


[9] Lucía Bravo, « Les défis de la nouvelle route de la soie pour l’Amérique latine : entre autonomie et dépendance », Perspectives : Revue des sciences sociales5, nle10 (2020) : 173–86, https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=9175683.


[10] Ariel Martín Slipak, « Amérique latine et Chine : coopération Sud-Sud ou consensus de Pékin ? », avril 2014, https://ri.conicet.gov.ar/handle/11336/92337.



Bibliographie:


Bravo, Lucía. « Los desafíos de la Nueva Ruta de la seda para América Latina: : entre la autonomía y la dependencia ». Perspectivas: revista de ciencias sociales 5, no 10 (2020): 173‑86. https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=9175683.

« Cooperación en inversión China-América Latina y Caribe registra mejora de calidad - Portal de la Franja y la Ruta ». Consulté le 26 mai 2025. https://esp.yidaiyilu.gov.cn/p/00QOVBU9.html.

« Foreign Direct Investment in Latin America and the Caribbean 2021 | Comisión Económica para América Latina y el Caribe ». Consulté le 26 mai 2025. https://www.cepal.org/es/publicaciones/47147-foreign-direct-investment-latin-america-and-caribbean-2021.

Maya, Juan Carlos Gachúz. « Comercio e inversión de China en el sector minero de Chile, Perú y Bolivia ». Interacción Sino-Iberoamericana / Sino-Iberoamerican Interaction 2, no 1 (1 mars 2022): 43‑65. https://doi.org/10.1515/sai-2022-0001.

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Schulz, Juan Sebastián. « La Nueva Ruta de la Seda en América Latina y el Caribe : ¿Oportunidad multipolar o nueva colonialidad dependiente? » e-l@tina 19, no 76 (2021): 1‑4. https://www.memoria.fahce.unlp.edu.ar/library?a=d&c=arti&d=Jpr12712.

Slipak, Ariel Martín. « América Latina y China: ¿cooperación sur-sur o consenso de Beijing? », avril 2014. https://ri.conicet.gov.ar/handle/11336/92337.

Wainer, Andrés. « ¿Un puente al desarrollo? Cambios en el comercio de América Latina con Estados Unidos y China ». Problemas del desarrollo 54, no 213 (juin 2023): 3‑30. https://doi.org/10.22201/iiec.20078951e.2023.213.69938.



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