Le péronisme en Argentine
- LatamSinFiltro

- 27 avr.
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Dernière mise à jour : 29 avr.

Le péronisme, également appelé justicialisme, est un mouvement politique originaire d'Argentine né au milieu des années 1940. Le terme fait référence à Juan Perón, ancien président de l'Argentine (1946-1955, 1973-1974) et fondateur du mouvement. Le péronisme est une idéologie basée sur le concept de justice sociale, un concept défendant, entre autres, les principes d'égalité et d'équité sociale, l'égalité des chances. Le péronisme est un élément fondamental de la politique argentine. Il existe aujourd’hui une forte polarisation caractérisant la politique argentine, pour faire simple, on est soit péroniste soit anti-péroniste. Notons également qu’entre 1946 et 2023, les partis péronistes ont remporté 10 élections présidentielles en Argentine.
Il est difficile de savoir si c’est une idéologie de gauche ou de droite en raison des différents courants politiques qu'englobe le péronisme, y compris même des courants qui s'opposent totalement. Le péronisme présente une sorte de “flexibilité idéologique”, surtout après la mort de son fondateur en 1974. Le péronisme est souvent considéré comme le mouvement populiste latino-américain par excellence. En termes économiques, le péronisme est, à l’origine, favorable à un État-providence et à l’industrialisation. Comme toujours, je tiens à souligner que l’objectif de cet article n’est pas de déterminer les effets positifs et négatifs du populisme ou du péronisme. De même, il est important de préciser que le populisme latino-américain et le populisme occidental ou européen, par exemple, sont différents. En effet, le populisme en Amérique latine a ses propres caractéristiques qui le différencient des formes de populismes que nous connaissons en Occident, même s’il existe également des similitudes.
Histoire
Pour comprendre la montée du péronisme en Argentine, un peu de contexte historique s’impose. Au début des années 1930, de nombreux changements économiques se produisent dans le pays : le gouvernement entame un processus d'industrialisation dans le but de répondre à la demande intérieure de produits à valeur ajoutée. D’une part, le ralentissement du commerce international dû à la crise économique mondiale et d'autre part, la pénurie de devises étrangères provoquant une réduction des importations ont amené le gouvernement à mener une politique protectionniste. Cependant, les richesses créées n'ont pas été bien réparties par ce gouvernement conservateur, conduisant à de nombreuses manifestations de travailleurs dans les années 1940.
Le colonel Perón appartenait à un groupe de militaires qui organisèrent le coup d'État de 1943 (« Révolution de 43 ») pour mettre fin au gouvernement conservateur, accusé de frauder lors des élections et rongé par la corruption. Après le coup d'État, une dictature militaire fut instaurée dans laquelle Perón créa et dirigea l’équivalent d’un Ministère du Travail, lui permettant de se rapprocher des syndicats et autres organisations défendant les ouvriers. En tant que ministre du Travail, Perón a élargi le régime des retraites et des congés payés. Son influence et sa popularité au sein du gouvernement lui permirent d’être nommé vice-président et ministre de la Guerre en 1944. Peu à peu, la politique du gouvernement en place se centrait sur les ouvriers et leurs revendications, ce qui, bien évidemment, ne suscita pas la joie du patronat qui commençait à montrer son mécontentement. Bien que Perón ait le soutien des travailleurs, le gouvernement céda à la pression des élites et emprisonna Perón le 9 octobre 1945. L'emprisonnement de Perón donna lieu à des protestations massives dans le pays et notamment à Buenos Aires. Le gouvernement, par peur de voir les protestations dégénérer en conflit, ne tarda pas à le libérer. Le 17 octobre de la même année, Perón prononce un discours devant la Plaza de Mayo de Buenos Aires. Beaucoup considèrent que le péronisme est né ce jour-là.
"L’heure est maintenant venue, comme toujours, pour votre secrétaire d’Etat au Travail et à la Prévoyance, qui a lutté et luttera toujours à vos côtés, de célébrer ce projet qui constitue l’ambition de ma vie : que tous les travailleurs soient un peu plus heureux”.
Discours de Juan Perón prononcé 17 octobre 1945
(traduction de l'espagnol)
Lors des élections générales convoquées par l'armée en 1946, le parti de Perón l'emporta avec 55 % des voix. Au cours de son premier mandat présidentiel, Perón était extrêmement populaire, en particulier auprès des classes populaires. Avec son épouse Eva, le couple représentait un symbole fort de justice sociale. Peron réussit à développer un véritable culte de sa personnalité. Lorsque son épouse décède en 1952, très peu de temps après sa réélection, cette dernière est littéralement sanctifiée.
La mort d’Eva au début des années 1950 marque le déclin de l’ère de prospérité péroniste. L'Argentine n’exporte quasiment plus de viande et de produits agricoles vers l'Europe et autorise une entreprise américaine à exploiter son pétrole, gelant les salaires et laissant complètement de côté les deux principes fondamentaux du péronisme : la justice sociale et le nationalisme économique. Après deux tentatives de coup d’État, une troisième en 1955 (« Révolution libératrice ») réussit à vaincre Perón, qui dut s’exiler. Une nouvelle dictature civico-militaire d'idéologie nationaliste catholique cette fois fut installée et le parti péroniste fut interdit. Il faut attendre 1972 et le retour de la démocratie pour permettre à Perón de retourner dans son pays.
La disparition de Perón: fin du péronisme ?
Perón remporte les élections générales pour la troisième fois en 1973, mais meurt l'année suivante. L'ère post-Perón se caractérise par la création de diverses factions/branches au sein du mouvement péroniste, dont certaines ont recours à la violence, comme le péronisme révolutionnaire. En 1976, un nouveau coup d'État (le coup d'État civilo-militaire de 1976) met fin à la démocratie et une junte militaire est installée, soutenue par Kissinger, le secrétaire d'État des États-Unis, et le gouvernement de Richard Nixon, son président.
Lorsque la démocratie revient pour de bon en Argentine en 1983, la communauté internationale est surprise de constater que le parti péroniste ne remporte pas les élections présidentielles. La victoire du socialiste Raul Alfonsin met fin au traditionnel affrontement des péronistes contre les militaires.
Comme mentionné précédemment, après la mort de Perón, plusieurs factions se développent au sein du péronisme, parmis celles-ci, on peut citer le ménénisme : le péronisme de droite de Carlos Menem, président de l'Argentine entre 2005 et 2021 ou encore le kirchnérisme, péronisme de centre-gauche Néstor Kirchner et Cristina Fernandez de Kirchnez, anciens présidents argentins entre 2003 et 2007 et entre 2007 et 2015, respectivement.
Si le péronisme traditionnel était une idéologie de gauche, aujourd’hui, et de manière totalement paradoxale d’ailleurs, le péronisme peut être aussi bien de gauche que de droite. En effet, lors des élections générales de 2003, trois péronistes (tous issus de factions différentes) s’affrontent : Carlos Menem, Néstor Kirchner et Adolfo Rodríguez Saá.
Au XXIème siècle, on retrouve trois grandes forces politiques dans l'espace politique argentin : le péronisme, pouvant être de gauche à droite ; le socialisme (marxiste, socio-démocrate) et la droite libérale/conservatrice.
Bibliografía
Armony, Victor. « Populisme et néopopulisme en Argentine : de Juan Perón à Carlos Menem ». Politique et Sociétés 21, no 2 (2002): 51‑77. https://doi.org/10.7202/000479ar.
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Ostiguy, Pierre. « Gauches péroniste et non péroniste dans le système de partis argentin ». Revue internationale de politique comparée 12, no 3 (2005): 299‑330. https://doi.org/10.3917/ripc.123.0299.
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