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Le problème de la dette extérieure en Argentine

Dernière mise à jour : 2 mars


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Le 10 janvier 2024, le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités argentines ont signé un donnant accès à l'Argentine à environ 4 700 millions de dollars afin de rééquilibrer sa balance de paiements. Selon les données de l’Institut national de la Statistique et du recensement (INDEC), à fin mars 2024, la dette extérieure de l'Argentine s'élevait à 289 000 millions de dollars et doit principalement restituer cet argent à des organismes de crédit, à des détenteurs d'obligations ainsi qu’à des organismes publics. Entre 2018 et 2019, sous le gouvernement de Mauricio Macri, le FMI a accordé l'un des plus prêts les plus importants de l'histoire de l'Argentine, soit 44 000 millions de dollars américains. Le pays d'Amérique du Sud a connu 2 grands cycles d'endettement extérieur menant à une situation de défaut de paiement :

  1. 1976-1983 : Dictature militaire

  2. 1989-2001 : Gouvernements Menem-De la Rúa

 

Les différents dirigeants de l’Argentine évoquent souvent à leur prise de possession du pouvoir un « lourd héritage » faisant référence à la difficile situation économique du pays et l'imposante dette extérieure qu'ils héritent de leurs prédécesseurs. Depuis que l'Argentine établit ses budgets de recettes et de dépenses, le pays a toujours inclus dans ces derniers le « service de la dette », c’est-à-dire l’activité qui permettra de rembourser le capital qui lui a été prêté ainsi que les intérêts. Depuis des années, l'Argentine doit pourvoir au paiement de sa dette extérieure. Mais comment expliquer le poids monstrueux de sa dette extérieure dans l’économie ?

 

Qu'est-ce que la dette extérieure et à quoi est-elle due ? : le cas de l'Argentine

Définition des termes

 

La dette extérieure est l'argent qu'un gouvernement, une entreprise ou un particulier doit à des entités ou à des institutions étrangères. Dit autrement, il représente l'argent que des entités étrangères ont prêté à un État ainsi que les intérêts générés par ces prêts. Les prêts sont accordés aux États pour répondre à différents besoins qu'ils peuvent avoir, tels qu’investir dans des infrastructures ou mettre en place des politiques promouvant le développement économique.

 

La dette extérieure est le résultat de dépenses dépassant les recettes qui ne couvrent donc pas la consommation courante et les besoins d'investissement des acteurs économiques du pays, principalement en raison d'une balance commerciale négative.

 

Il existe différentes théories concernant la dette extérieure. D'une part, selon la théorie de Keynes, l'emprunt est nécessaire car il permet de financer les investissements domestiques, notamment pour les pays en développement. L'endettement augmente la demande mondiale de crédits, stimulant ainsi la croissance économique. De plus, un État qui emprunte n'a pas besoin de lever des impôts pour financer l'économie.

D'autre part, les économistes classiques tels qu'Adam Smith considèrent la dette extérieure comme une cause directe de l'appauvrissement d'un pays et de la récession économique parce qu'elle implique le paiement d'intérêts et provoque la fuite des capitaux.

 

Il est vrai que la dette extérieure peut provoquer une fuite des capitaux. Mais en réalité, c'est un peu plus complexe que cela. La fuite des capitaux peut provenir de la dette extérieure, et la dette extérieure peut accélérer le phénomène de la fuite des capitaux. Cependant, la dette extérieure peut être entraînée par la fuite des capitaux et la fuite des capitaux peut également accélérer l'augmentation de la dette extérieure. Dans un pays, les capitaux sont nécessaires pour pouvoir financer les investissements, mais avec une fuite des capitaux, le pays ne dispose plus d’assez de ressources pour s’auto financer, c’est alors qu’il cherche des financements à l'étranger et s’endette.

 

Quoi qu'il en soit, l'accumulation de la dette extérieure fait courir au pays le risque de connaître une crise financière à long terme si les revenus destinés à rembourser la dette accumulée ne sont pas suffisants. La dette extérieure est payée par les impôts, avec les revenus des activités économiques. En effet, pour rembourser une dette importante, la banque centrale du pays en question peut imprimer plus d'argent, mais cela provoque la dévaluation de la monnaie locale, et génère une situation d'inflation en raison d’une plus grande circulation d’argent. De plus, en dévaluant la monnaie locale, le prix des importations augmente, ce qui peut conduire à long terme à un déficit commercial et à une crise économique.

 

L'image d'un pays qui possède une dette extérieure importante est impactée. Sa notation financière (c'est-à-dire sa capacité à rembourser l'argent d'un prêt) est souvent affectée. Par conséquent, les investisseurs transfèrent leur argent hors du pays et les investisseurs potentiels évitent d'investir de l'argent dans le pays en question.

 

Dans le cas de l'Argentine, elle se finance en dollars, car en effet, un pays peut contracter de la dette dans plusieurs devises. Il est très différent de contracter de la dette en monnaie locale et en devises étrangères. Selon les données du ministère argentin de l'Économie, en 2022, 66,9 % de la dette extérieure de l'Argentine était constituée de dettes en dollars. La plupart des dettes étant contractées en dollars, une dévaluation de la monnaie locale ou une appréciation du dollar peut augmenter la valeur nette des débiteurs locaux en resserrant les conditions financières des prêts dans le pays. De plus, une dévaluation de la monnaie peut aggraver la situation budgétaire du pays s'il est déjà en situation de déficit (dépenses>recettes)


Pour répondre à cette situation de méfiance, le gouvernement augmente souvent les taux d'intérêt pour attirer à nouveau les investisseurs et les inciter à faire plus de prêts dans le pays (et à bénéficier du taux d'intérêt élevé) ... Cela peut se transformer en un véritable cercle vicieux car des intérêts plus élevés générés par les prêts consentis par les investisseurs peuvent signifier que le pays en question doive emprunter de plus en plus pour payer ces intérêts sans pouvoir sortir de cette situation d'endettement...

Enfin, en situation de défaut de paiement, bien qu'un État ne puisse faire faillite, les biens du pays peuvent être saisis à l'étranger, et comme nous le verrons par la suite, ce fut le cas de l’Argentine.

 

 

Le problème des restrictions extérieures en Argentine


Dans le cas de l'Argentine, le poids de sa dette extérieure s'explique en grande partie par sa difficulté à se procurer des devises étrangères.  

 

Le pays est victime d’une « restriccion externa », c’est-à-dire qu’il lui est très difficile, voire impossible d'avoir une croissance durable en raison de la difficulté d'obtenir des devises. Ce phénomène est généralement la conséquence directe d'un déficit commercial (importations>exportations). Pour éviter cela, l'État peut emprunter afin d'obtenir des devises étrangères ou contrôler les capitaux étrangers pour les maintenir dans le pays et éviter leur fuite. De plus, cela implique souvent une dévaluation (volontaire ou non) de la monnaie locale afin d'augmenter le montant total des exportations et limiter le déficit commercial.

 

Dévaluation d'une monnaie : Perte de valeur d'une monnaie par rapport à une autre déterminée par l'autorité monétaire d'un pays.

 

L'Argentine contracte généralement des dettes extérieures obtenir des dollars. Cependant, avec la dévaluation que cela entraine, il faut davantage de pesos pour payer la dette extérieure en dollars et c'est là que commence le cercle vicieux dont l'Argentine peine à s’échapper…

 

À ces problèmes de devises étrangères s’ajoute l'important déficit budgétaire (dépenses>recettes) du pays, signifiant qu'elle doit également emprunter pour équilibrer la balance et être en mesure de couvrir ses propres dépenses.

 

En outre, la pénurie de dollars est également due à la forte demande de monnaie américaine dans le pays :

  • Les Argentins ont tendance à épargner en dollars en raison des différents cycles inflationnistes dont l'Argentine a souffert.

  • Le secteur industriel a besoin de dollars, notamment pour ses importations de matières premières.

 

Une autre cause de la pénurie de devises étrangères du pays peut s’expliquer par le manque de confiance dans le peso argentin. Ce manque de confiance empêche l'Argentine de s’autofinancer comme le font d'autres pays de la région, comme la Colombie par exemple, et l'oblige à contracter des prêts à l'étranger.

 

Autre problème très courant en Argentine, c’est le carry trade (« bicicleta financiera ») : des investisseurs spéculatifs se financent en pesos puis investissent en dollars en anticipant (en spéculant) que le peso sera dévalué et que le dollar s'appréciera.

Les investisseurs se financent (contractent un prêt) en pesos argentins, lorsque que par exemple 100 pesos valent 100 dollars. Plus tard, ils prêtent en dollars lorsque 100 pesos valent 30 dollars. De cette façon, ils peuvent facilement rembourser les pesos tout en générant des bénéfices grâce aux dollars qu’ils ont prêté à un débiteur.  

 

Autre problème spécifique à l’Argentine, les investisseurs se financent à l'étranger en profitant des faibles taux d'intérêt et prêtent ensuite de l'argent en Argentine car le pays propose des taux d'intérêt très élevés. Les taux d'intérêt élevés du pays s'expliquent par l'endettement du secteur public sur le marché financier national.  

 

En fin de compte, les investisseurs apportent leurs capitaux en Argentine seulement pour des résultats à très court terme. Ces derniers apportent leurs capitaux pour réaliser un profit et directement après ils les retirent du pays. En d’autres termes, très peu d’investissement dans l’économie réelle argentine sont fait. 

 

Pour conclure cette première partie, l'endettement de l'Argentine s’explique en grande partie par :

  • Un déficit budgétaire et commercial

  • Un secteur financier peu stable avec des investisseurs spéculatifs

  • Une forte demande intérieure de devises étrangères.

 

L'Argentine a d'abord besoin de dollars pour faire face à sa pénurie de devises, puis elle en a besoin pour rembourser l'argent et les intérêts du prêt qu'elle a contracté pour pouvoir justement faire face à ce problème de pénurie. Ensuite, elle doit à nouveau contracter une dette extérieure afin de compenser son déficit budgétaire. Le problème est que l'Argentine est une économie basée sur son marché financier dans laquelle les acteurs économiques se financent d’abord sur le marché international pour ensuite investir en Argentine, et lorsque leurs actifs financiers (titres, obligations, dépôts) ont pris de la valeur, ils les sortent du pays provoquant une fuite des capitaux empêchant tout espoir pour le pays de bénéficier d’une croissance économique durable. Les investissements réalisés en Argentine sont des investissements de court terme et n’ont pas pour objectif de venir financer l'économie réelle.

 

 

La dette extérieure et l’Argentine sont-elles inaliénables ?

1824 : le début de l’endettement argentin

 

Le premier président argentin à contracter un prêt en devises étrangères est également le premier président de l'Argentine, Bernardino Rivadavia. En fait, lorsqu'il le contracte en 1824, il n'est pas encore président, mais ministre du gouvernement de Buenos Aires. Cet emprunt a été accordé par les frères Baring (Angleterre) et s'élevait à 1 000 000 £. En théorie, le gouvernement argentin a contracté ce prêt afin de couvrir les dépenses des travaux du port de Buenos Aires et des travaux d'urbanisation. Cependant, l'argent n'a jamais été utilisé pour développer ces infrastructures, mais plutôt pour financer la guerre au Brésil et pour se conformer à l'une des exigences imposées par l'Empire britannique pour reconnaître l'indépendance de l'Argentine. Il a fallu plus d'un siècle au pays pour rembourser cette dette.

 

Au cours du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle, les prêts demandés par l’Argentine ont été utilisés pour financer des projets tels que des travaux d'infrastructure et pour couvrir des dépenses militaires. À cette époque, l'Argentine a commencé à développer son modèle de production agro-industriel représentant la principale source de revenus du pays à l’époque. Cependant, l'Argentine était encore considérée comme un État fragile avec peu de capacité à répondre aux attentes socio-économiques de la population et présentait un déficit commercial couvert par des dettes provenant de prêts européens.

 

Les gouvernements successifs ont poursuivi cette pratique. En 1880, l'élite dirigeante du pays a triplé la dette extérieure, la faisant passer de 14 000 000 £ à 38 000 000 £. Les principaux créanciers étaient les Anglais, les Français et les Allemands. Au début du XXe siècle, la dette s'élevait à 78 000 000 £.

 

1944 et les accords de Bretton Woods

 

C’est après la Seconde Guerre mondiale que les vrais problèmes ont commencé, notamment avec la création d’institutions financières internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale et avec l'arrivée des militaires au pouvoir. Les institutions financières internationales sont des organisations multiétatiques créées dans le but d'établir un cadre de coopération économique et financière visant à éviter une répétition des conséquences des politiques économiques qui ont généré la Grande Dépression (originaire des États-Unis) des années 1930.

 

En juillet 1944, les États-Unis, le Royaume-Uni et les représentants de 44 gouvernements se sont rencontrés à l'occasion de la conférence de Bretton Woods visant à établir des règles dans les relations commerciales et économiques entre les pays les plus développés et les pays les plus industrialisés du monde. Pour atteindre cet objectif, un système monétaire international (SMI) a été mis en place. Ce système devait permettre, entre autres, de rééquilibrer les paiements internationaux, en cas de déficit ou d'excédent persistant d'un pays par rapport au reste du monde. C'est dans ce cadre qu'a été créé le FMI.

 

"L'objectif principal du FMI est d'assurer la stabilité du système monétaire international, c'est-à-dire le système de paiements internationaux et de taux de change qui permet aux pays et à leurs citoyens d'effectuer des transactions entre eux. Il remplit cet objectif en veillant sur l'économie mondiale et les économies des pays membres, en accordant des prêts aux pays confrontés à des problèmes de balance des paiements et en fournissant une assistance pratique à ses membres".[1] 

 

L'Argentine a rejoint le FMI en tant que membre à part entière en 1956.

 

 

La dette extérieure sous la dictature (1976-1983)

 

Tout au long de la dictature (1973-1986), le FMI a prêté de l'argent à l'Argentine et a commencé à s'impliquer dans les décisions économiques du pays. Et en seulement 10 ans de dictature, l'Argentine devait 40 fois plus d'argent à des créditeurs étrangers. Comment expliquer ce phénomène ?

 

Les années 1970 sont caractérisées par une immense quantité d'argent disponible sur le marché international pour prêter aux pays émergents. Cette énorme quantité d'argent disponible s'explique en partie par l'augmentation drastique du prix du pétrole imposée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 1973, augmentant l'abondance de capitaux dans les pays de l'OPEP. Ces derniers ont placé les devises étrangères obtenues de la vente du pétrole sur le marché international, générant une vague de prêts qui étaient principalement destinés à couvrir l'augmentation du prix du pétrole brut et l'inflation. Cependant, dans certains pays d'Amérique latine qui étaient sous dictature à l'époque, comme l'Argentine, cette injection de capitaux a servi à financer l'autoritarisme, le « terrorisme d'État », [2]mais aussi la Coupe du monde de 1978 ainsi que les politiques de libéralisation économique. Que s'est-il donc passé ?

 

En Argentine, la fin des années 1970 correspond à la fin du modèle de l'industrialisation par substitution aux importations (ISI) et marque la montée du néolibéralisme et du capitalisme rentier. Le capitalisme rentier peut être défini comme un système dans lequel les grandes entreprises obtiennent des bénéfices importants en possédant et en contrôlant des actifs et non en utilisant les ressources économiques d'un pays de manière innovante et entrepreneuriale. Dans ce contexte, le système vit des intérêts des débiteurs. C’est à partir de la fin des années 1970 que le marché financier a commencé à avoir beaucoup de poids dans l'économie argentine. Le désendettement ne fait pas partie des objectifs de ce système et la spéculation financière est à la base du système au détriment de l'investissement productif.

 

Ce nouveau système s'est traduit par des réformes économiques comme celle de 1977 mettant en place un régime de change flexible/flottant (détermination du taux de change par le biais du marché libre sans que le gouvernement ne le manipule). Les contrôles de capitaux ont été supprimés, le taux de réserve obligatoire a été réduit (les banques avaient besoin de moins liquidités pour pouvoir fournir des prêts). Les droits de douane ont été progressivement réduits, les subventions aux exportations non traditionnelles ont été éliminées et les prix des services publics ont augmenté. En outre, les marchés des changes et les marchés financiers ont été libéralisés grâce à des mécanismes visant à encourager la spéculation financière et à décourager les investissements productifs.

 

De même, le gouvernement a décidé de geler les salaires, ce qui, dans le contexte de l'inflation provoquée par l'augmentation du prix du pétrole, a entraîné une baisse de 40 % des salaires. L'ouverture économique a provoqué l'inondation de produits étrangers sur le marché argentin, générant un déficit commercial. À cela s'ajoutent les processus de dévaluation de l'austral (ancienne monnaie argentine) et de surévaluation du dollar, provoquant une baisse significative du pouvoir d'achat des Argentins, creusant davantage le déficit commercial, entraînant la faillite des industries argentines qui ne pouvaient pas rivaliser avec l'offre internationale et encourageant la fuite des capitaux. On estime que la fuite des capitaux accumulés jusqu'en 1983 a atteint 37 000 millions de dollars.

 

Et comme vous le savez désormais, la dévaluation de la monnaie locale entraîne une augmentation du montant réel de la dette. La faible croissance économique et la pénurie de devises causée par le déficit commercial rend difficile le remboursement de l'argent prêté à l'Argentine et la fuite des capitaux provoque une augmentation de la dette extérieure. En conséquence de tout cela, la dette extérieure publique a grimpé en flèche.

 

 

1980-2000 : la décennie perdue et crise de la dette

 

En Amérique latine, les années 1980 sont connues sous le nom de la « la décennie perdue », car c'est une décennie au cours de laquelle la plupart des pays de la région ont souffert de graves crises économiques. En 1982, la crise de la dette extérieure éclate, en commençant par le moratoire mexicain qui, peu de temps après, s’est rependu dans toute la région comme un virus. Les banques étrangères qui avaient prêté à ces pays se sont retrouvées extrêmement vulnérables, notamment en raison du rôle central qu'elles jouent sur le marché financier international. Cette crise de la dette extérieure en Amérique latine a affecté les banques des pays du Nord et avec elles, le système financier de leur pays. Pour faire face à cette situation, les banques créancières ont commencé à constituer des réserves afin de pouvoir à l'avenir faire face à d'éventuels défauts de paiement de la part des pays débiteurs. De leur côté, les pays d'Amérique latine, l'Argentine en particulier, ont réduit leurs financements à l'étranger. Le taux d'endettement a baissé et la fuite des capitaux a ralenti.

 

La situation de la dette extérieure argentine à cette époque était caractérisée par la décision en 1982 de la BCRA (Banque centrale de la République argentine) de nationaliser la dette privée. Il est estimé qu’un transfert d'au moins 15 000 millions de dollars a été réalisé entre le secteur privé et public. La dette extérieure publique en 1976 était d'environ 9 000 millions de dollars alors qu'en 1983, elle atteignait 46 000 millions de dollars.

 

Sur le plan économique, malgré les mesures mises en œuvre par le nouveau gouvernement démocratique de Raúl Alfonsín (1983-1989) comprenant des subventions aux exportations industrielles et une aide de l'État dans les secteurs stratégiques, les taux d'intérêt élevés sur le marché international ont aggravé le problème de pénurie de devises de l'Argentine et aggravé sa situation de dette extérieure. Cette dette colossale a été l'un des déclencheurs de l'effondrement économique du pays en 1989, dont nous reparlerons plus tard. 

 

Au milieu des années 1980, les moratoires des pays d'Amérique latine ont commencé à disparaître et les réserves établies par les banques créancières leur ont permis de surmonter la crise. Les banques voulaient récupérer l'argent qu'elles avaient prêté aux pays latinoaméricains, mais elles savaient bien que les pays ne disposaient pas des devises étrangères nécessaires pour rembourser tous les intérêts. L'assemblée annuelle du FMI en 1985 a donné naissance au plan Baker. Ce plan visait à faciliter le financement des pays endettés. Il repose sur 3 piliers :

  1. Gestion de l'inflation, stabilité macroéconomique, réformes structurelles

  2. Renforcement de la coopération avec le FMI et la Banque mondiale

  3. Augmentation du crédit bancaire (des institutions privées) aux pays endettés

 

L'idée était que les pays n'avaient qu'un problème de liquidité à court terme (« flux de trésorerie ») et non d'insolvabilité. Ainsi donc, avec des mesures visant à stimuler la croissance économique, l'octroi de nouveaux financements et la mise en œuvre de réformes, les pays pourraient à nouveau rembourser l'argent emprunté. Cependant, trois ans plus tard, le plan a échoué. Les banques ont fait la sourde oreille et n'ont pas fourni les fonds nécessaires aux pays comme elles étaient censées le faire.

 

Liquidité et solvabilité : La liquidité est la capacité de payer à court terme et la solvabilité est définie comme la capacité de payer à long terme de façon continue.

 

L'Argentine de 1989 est marquée par un long cycle d'hyperinflation (3 000 % annuel à la fin de 1989) après la dévaluation de près de 80 % de l'austral en décembre de la même année. Afin de se fournir des produits de première nécessité, les Argentins gardaient en liquide l'argent nécessaire pour survivre une semaine et mettaient le reste de leur salaire dans des dépôts à terme de sept jours ou d'un mois, profitant des taux d'intérêt élevés du pays. Les taux d'intérêt ont atteint 138 % en juin 1989.


A cette situation s’ajoute l’énorme déficit budgétaire et une balance des paiements déficitaire qui ne permettait pas à l’Argentine de payer sa dette extérieure.

 

Dépôt à terme : Les dépôts à terme sont des produits financiers qui offrent un rendement fixe et garanti en échange de la conservation d'une somme d'argent déposée dans une banque pendant une certaine période de temps. C'est un moyen d'épargner sans prendre beaucoup de risques et générer de l'argent.

 

À cette époque, le gouvernement décide de mettre en œuvre le Plan Bonex (obligations extérieures). Le plan consiste en l'échange forcé de dépôts à terme contre l'obtention d'obligations émises par l'État pendant 10 ans. L'objectif était de réduire la quantité d'argent en circulation qui était utilisée pour acheter des dollars afin de limiter l'inflation.

 

Obligations : Une obligation est une dette émise par une entreprise, une autorité locale ou un gouvernement. Lorsque l'une de ces entités a besoin d'obtenir un financement, les montants requis peuvent parfois nécessiter la participation d'un grand nombre de créanciers. C’est alors que différents créanciers peuvent « acheter » une obligation, c'est-à-dire une partie de la dette que l'entité va contracter pour financer son projet. Ce créancier qui a « acheté » une partie de la dette verra son capital remboursé à une date fixe, soit généralement de 5 à 30 ans plus tard, et recevra également des intérêts périodiques à taux fixe ou variable.

 

Un exemple ci-dessous : 

 

Une entreprise a besoin d'emprunter 10 millions d'euros (10 000 000 €). Elle décide d'émettre des obligations sur le marché obligataire (taux d'intérêt fixe). Ce prêt est divisé en 1 000 actions de 10 000 euros chacune. Par conséquent, l'entreprise émettra 1 000 obligations et chaque obligation coûtera 10 000 euros. Le taux d'intérêt est fixé à 5% et la durée du prêt est fixée à 10 ans, c'est-à-dire que l'entreprise devra rembourser l'argent qui lui aura été prêté, dans 10 ans.

 

Maintenant, vous pouvez décider d'acheter l'une de ces obligations et devenir créancier, c’est-à-dire que vous avez le droit de demander à l'entreprise de vous rembourser une dette. Si le taux d'intérêt est annuel, vous recevrez 500 € par an pendant dix ans. À la fin de la dixième année, l'entreprise vous versera 500 euros pour la dernière fois, ce qui correspond aux intérêts, et les 10 000 premiers euros que vous avez prêtés à l'entreprise.

 

En 1991, le gouvernement décide de fixer la parité de la monnaie argentine par rapport au dollar américain, à un taux de 1 dollar américain pour 10 000 australs ou plus tard de 1 peso (l'Argentine a changé de monnaie à partir de 1992, passant de l'austral au peso). La loi de convertibilité visait à lutter contre l'inflation sur la base d'une monnaie théoriquement stable.

Un peso = un dollar

 

Dans un premier temps, le plan Bonex et la parité ont permis de freiner la hausse des prix. Cependant, en fixant la parité entre les deux monnaies, l'Argentine a été exposée à tous les chocs économiques internationaux et lorsque le dollar s'est apprécié de 70% en 1991, le peso a fini par être surévalué de sorte que les entreprises argentines ne pouvaient plus rivaliser avec le marché international (hors zones dollar) en raison du prix élevé de leurs produits. Les exportations ont chuté, tout comme les investissements étrangers dans le pays. En fin de compte, l'inflation s'est poursuivie.

 

À cela s'ajoute une augmentation rapide, voire insoutenable, de la demande de dollars. Le gouvernement a rendu plus difficile l’obtention de devises pour freiner la demande ce qui a eu pour effet d’augmenter drastiquement le montant réel de la dette extérieure.

 

En 1992, l'Argentine a décidé de rejoindre le plan Brady, présenté en 1988 par le secrétaire au Trésor américain, Nicholas Brady. L'objectif était de réduire la dette extérieure contractée par le secteur public envers les banques privées, en parvenant à annuler une partie de cette dette. Le plan prévoit la conversion de la dette en obligations d'État avec un différé de paiement de 30 ans. Les créanciers ont deux options :

  • Abandonner 35 % de la dette (obligation « discount »)

  • Réduction du taux d'intérêt, fixé à 6% (obligation « paire »)

La réduction du montant principal offert par la première option suppose que le débiteur accepte de payer un taux d'intérêt variable fixé par le créancier.

 

Pour rembourser le reste de la dette et une partie des intérêts, les pays devaient posséder des garanties provenant de pays développés, en achetant des bons du Trésor américain ou des obligations d'État de pays européens ou du Japon. Pour financer ces achats d'obligations, des organisations telles que le FMI et la Banque mondiale ont accordé des prêts aux pays débiteurs. La mise en œuvre du plan Brady impliquait l'accord des pays débiteurs afin d’appliquer les lignes directrices du Consensus de Washington.

 

Le Consensus de Washington en Amérique latine est le reflet de l'hégémonie américaine à la fin du XXe siècle. Terme inventé par l'économiste John Williamson en 1989, il décrit un ensemble de réformes visant à aider les pays en développement rongés par la crise financière. Ces réformes ont été dictées par le FMI, la Banque mondiale et le département du Trésor américain. Ces réformes comprenaient la privatisation des entreprises publiques, des réformes de l'État pour réduire son rôle dans l'économie, la dérégulation des marchés et, en particulier, des marchés financiers.

 

L'Argentine a mis en œuvre le plan Brady et a été l'un des pays d'Amérique latine les plus réceptifs au Consensus de Washington. Malgré les promesses faites par le président Menem (1989-1999) lors de sa campagne concernant l'augmentation des salaires et une soi-disant « révolution industrielle », la réalité fut très différente, à savoir privatisation des entreprises et ajustement budgétaire (mesures mises en œuvre par le gouvernement afin de réduire le déficit budgétaire de l'État). Le plan Brady a permis à l'Argentine d'obtenir un abandon de dette (-6 000 millions de dollars), une extension des délais de paiement à 30 ans et une réduction du taux d'intérêt fixé à 6,25 % pour les dettes contractées en dollars.

 

Si la mise en œuvre du plan Brady semblait fonctionner à première vue, la politique de parité mise en place au début des années 1990 s'est avérée être un échec total et a rendu difficile le paiement de la dette et de ses intérêts. Face à la situation, le gouvernement a mis en œuvre un nouveau plan de restructuration de la dette extérieure appelé « Megacanje » (Méga Swap), qui consistait à allonger les délais de paiement en augmentant les intérêts. En conséquence, le montant de la dette a atteint 150 milliards de dollars à la fin du siècle

 

Restructuration de la dette extérieure : La restructuration de la dette représente des accords bilatéraux entre créanciers et débiteurs qui modifient les conditions de remboursement.

 

En 2001, la politique de parité a pris fin. Les dépôts en dollars ont été transformés en pesos argentins, et le peso s'est effondré. La dette en défaut (la dette que l’Etat ne peut rembourser) représentait plus de 160 % du PIB. La dévaluation du peso n'a eu, parmi de nombreuses conséquences négatives, qu'un seul effet positif, à savoir qu'elle a rendu les produits exportés argentins plus compétitifs. En même temps, l'Argentine a pu profiter de la flambée des prix des matières premières (supercycle des matières premières) qui a généré un boom commercial. L'Argentine enregistre un taux de croissance de 8 % en 2003.

 

2000-2023 : défaut de paiement et restructuration de la dette


En 2001, l'Argentine fait défaut et le président Kirchner (2003-2007) entame un long processus de restructuration de la dette. Il s'agit du plus important défaut de paiement de l'histoire, avec des obligations d'une valeur de plus de 90 000 millions de dollars. Le pays parvient à annuler sa dette envers le FMI en 2005, qui représentait 9 800 millions de dollars, soit 15 % de sa dette extérieure totale. En outre, le gouvernement Kirchner a réussi à restructurer 76 % de la dette extérieure, soit environ 27 000 millions de dollars, et a obtenu une réduction de 43 % de sa dette publique nominale totale. La présidente Cristina Fernández (2007-2015) a poursuivi la politique de désendettement entreprise par son mari.

 

Cependant, le processus de désendettement s'est heurté à un obstacle en 2010. Le gouvernement était parvenu à restructurer 90 % de sa dette extérieure, mais les 10% des créanciers restants ont procédé à une action en justice contre l'Argentine à New York. Surnommés les « holdouts », ces créanciers étaient principalement des fonds vautours/procéduriers qui n'ont pas accepté de négocier la dette extérieure de l'Argentine. Le président Fernández a refusé de payer ces fonds vautours et, en 2012, un navire-école de la marine argentine a été retenu dans un port ghanéen sur demande de ces créanciers.

 

Fonds vautours : Un fonds vautour est un fonds de capital-risque qui investit dans la dette d'une entreprise ou d'un gouvernement en difficulté financière à des prix très bas.

 

Mauricio Macri (2015-2019) a finalement accepté de payer les holdouts et des prêts ont de nouveau été contracté pour les rembourser et la dette a de nouveau augmenté, représentant 240 000 millions de dollars américains. Entre 2003 et 2015, la dette nominale est passée de 180 milliards de dollars américains à 240 milliards de dollars américains, mais en termes réels, la dette était moins importante, le ratio de la dette au PIB a chuté de 52 % et la part de la dette contractée en dollars était moindre.

 

Cependant, en 2019, la dette extérieure représentait plus de 90 % du PIB de l'Argentine et 80% de cette dernière a été contractée en dollars, notamment grâce aux nouveaux prêts accordés par le FMI. La même année, le président Macri demande à l'organisation de la financer en dollars pour pouvoir payer ses dettes extérieures, générant encore plus de dettes dans un contexte d'effondrement de l'économie réelle, de fermeture massive des petites et moyennes industries, de chômage et d'inflation.

 

75 % des décaissements qui ont dû être effectués entre 2020 et 2023 étaient libellés en devises étrangères. Bien que le président Alberto Fernández (2019-2023) ait réussi à renégocier quelques

66 000 millions de dollars, les exportations n'ont pas suffi à surmonter le problème de l'accès difficile aux dollars. De plus, en 2021, l'Argentine a dû payer la dette contractée auprès du FMI quelques années plus tôt.

 

La dette externe en 2024

 

En 2023, Javier Milei a débuté son mandat, et au premier trimestre 2024, le gouvernement est parvenu à enregistrer un excédent budgétaire, à freiner l’émission monétaire et à constituer de nouveau des réserves internationales de 17 000 millions de dollars. Malgré ces améliorations, à la fin du premier trimestre 2024, la dette extérieure de l'Argentine représentait toujours 289 000 millions de dollars. En outre, en avril 2024, l'Argentine a enregistré une augmentation mensuelle de l'inflation de 8,8 % et une augmentation annuelle de 289,4 %.


Le 10 janvier 2024, le FMI et les autorités argentines ont conclu un accord qui a permis à l'Argentine d'avoir accès à quelques 4,7 milliards de dollars pour afin de rééquilibrer sa balance des paiements. Dans le cadre de cet accord, les autorités argentines se sont engagées à modifier leurs politiques économiques, fiscales et monétaires, entre autres, afin de stabiliser leur économie et de pouvoir bénéficier de cette somme d'argent. Voici quelques-uns des changements que les autorités argentines prévoient de mettre en œuvre :

 

  • Politique budgétaire : atteindre un excédent primaire de 2 % en 2024.

  • Protection sociale : préserver la valeur réelle des pensions et augmenter l'aide sociale.

  • Politique de change : Fin du système de contrôle administratif des importations (SIRA) en raison de ses problèmes de transparence et adoption d'un régime basé sur le marché avec moins d'intervention de l'État sur les marchés des changes. Dérégulation de l'économie et des marchés des changes par la mise en œuvre de mesures de suppression de la gestion des flux de capitaux (CFM).

  • Plans de financement : Le gouvernement ne financera pas le marché, mais se concentrera sur l'amélioration des échéances de la dette intérieure.

  • Politiques structurelles : Stimuler le potentiel énergétique et minier de l'Argentine, entre autres en augmentant la concurrence et en simplifiant les processus bureaucratiques. Cela implique une ouverture de l'économie argentine pour faciliter et attirer les investissements étrangers.

 

Malgré l'échec de la loi sur la convertibilité dans les années 1990, le nouveau président argentin a une fois de plus remis sur la table l'idée de la dollarisation de l’économie. Selon le président économiste, la parité du taux de change a été l'une des politiques les plus réussies pour contrôler l'économie, il aimerait donc mettre en œuvre un modèle similaire pour lutter contre l'inflation. Cependant, de nombreux experts ne partagent pas la vision de Milei. Nombreux sont ceux qui estiment que la parité expose beaucoup trop l'Argentine à l'environnement international et que ce type de politique doit s'accompagner d'une correction des comptes budgétaires et de la mise en place d'une réserve de change suffisante pour espérer avoir un impact positif.

 

La dette extérieure de l'Argentine et le FMI : une relation "toxique"

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 Les prêts et programmes du FMI conduisent souvent les pays débiteurs à une récession économique, une dévaluation de la monnaie locale avec une baisse des salaires réels afin d'éliminer ou de réduire le déficit commercial. Les programmes supposent également une réduction drastique des dépenses sociales et une augmentation du taux d'intérêt impactant l’économie et le pouvoir d'achat de la population.

 

Les politiques controversées d'ajustement structurel du FMI ont provoqué une lassitude généralisée parmi la population de nombreux pays d'Amérique latine, y compris l'Argentine.

 

Tout d'abord, rappelons qu'à l'origine, le FMI a été créé pour apporter une assistance à court terme aux pays confrontés à des crises de liquidité ou de change, afin de les empêcher de recourir à la dévaluation de leur monnaie ou à des mesures protectionnistes susceptibles d'affecter le commerce international. Au fil des ans, cependant, le FMI a élargi ses fonctions en proposant des programmes à long terme pour résoudre les problèmes de solvabilité et pas seulement de liquidité. 

 

Quelles conditions doivent être réunies pour que le FMI prête de l'argent aux gouvernements ?


Entre 1944 et 1971, les conditions de prêt du FMI étaient les suivantes : comptes budgétaires sains, balances des paiements stables et taux de change fixes ajustables. Dans le cas de l'Argentine, la principale condition imposée par le FMI pour l'octroi d'un prêt était l'ajustement budgétaire (faire en sorte que les recettes dépassent les dépenses).

 

Les programmes d'ajustement imposés par le FMI en échange d’un prêt ont souvent conduit les pays à de graves crises économiques. Les ajustements opérés par l'Argentine à la fin du XXe siècle en échange de prêts du FMI ont en partie conduit le pays à se retrouver en situation de défaut de paiement en 2001. Le directeur du FMI a même reconnu les erreurs de l’organisation qui s’est montrée trop optimiste quant aux perspectives de croissance de l'Argentine, mais aussi en établissant les niveaux d'endettement et en évaluant le régime de change. L'organisation a reconnu que tous les fonds qui avaient été mobilisés pour maintenir le régime de parité des taux de change ("Convertibility Act") avec le dollar américain auraient été mieux utilisés si ces fonds avaient été utilisés pour mettre fin à ce système.

 

Le prêt en soi n'est pas problématique, mais l'ampleur de ce dernier et les réformes économiques imposées par l'organisme posent souvent de graves problèmes.

 

Conclusion



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Pour conclure, le grand problème de la dette extérieure de l'Argentine est que, dès ses origines, les emprunts ont été contractés en raison d'un État fragile qui n'avait pas la capacité de faire face à ses propres obligations. En fin de compte, l'État argentin contracte toujours une nouvelle dette pour payer l'ancienne contractée par le gouvernement précédent, et le pays a beaucoup de mal à sortir de ce cercle vicieux. Les prêts accordés à l’Argentine ont rarement été utilisés pour leur usage initial et les politiques d'ajustement structurel imposés par des organisations telles que le FMI ont impacté négativement l'économie du pays. En outre, le fait qu'aujourd'hui, l'économie argentine soit basée sur le marché financier rend difficile l’obtention d'une croissance durable et la réduction de la dette extérieure.

 

Afin de surmonter le problème de la pénurie des devises, le gouvernement doit investir dans les secteurs productifs exportateurs. Le commerce extérieur doit être encouragé et l'accès au dollar restreint afin de rétablir la confiance dans le peso et réduire la dépendance de l'Argentine vis-à-vis du dollar américain. Sans aucun doute, il faut beaucoup de temps pour atteindre un tel objectif et, surtout, une continuité des politiques entre les gouvernements successifs. Cependant, le nouvel accord signé avec le FMI en 2024 montre que le pays est loin d’en avoir fini avec son histoire de dette extérieure. Enfin, les politiques imposées par le FMI en échange de prêts posent de sérieux problèmes de souveraineté dans le pays qui dépend des capitaux des pays du Nord pour soutenir son économie.


[1] « Le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) », Texte/HTML, Banque mondiale, consulté le 14 avril 2024  https://www.bancomundial.org/es/about/history/the-world-bank-group-and-the-imf.

[2] Le terrorisme d'État est l'utilisation de méthodes illégales de nature clandestine par un État, afin de provoquer des changements économiques et sociaux structurels dans un laps de temps relativement court. Goldentul, Analía ; Dorado (2020). 1976-1983 : L'État terroriste. Eudeba. p. 219 à 255



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