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Le modèle d’industrialisation par substitution des importations (ISI)

Dernière mise à jour : 2 mars


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Le modèle d'industrialisation par substitution des importations (ISI) est un modèle économique qui a été adopté par de nombreux pays en développement après la Grande Dépression. Ce modèle a été appliqué dans les pays d'Amérique latine principalement entre 1950 et 1960. Cette stratégie est née des travaux de la CEPAL (Commission économique des Nations unies pour l'Amérique latine) et en particulier des travaux de l'économiste argentin Raúl Prebisch, alors directeur de la CEPAL.


Entre 1914 et 1945, en raison d’une doctrine isolationniste, les Etats-Unis montrent moins d’intérêt pour l’Amérique Latine et commencent à relocaliser leur production sur le territoire national afin de répondre à la demande interne et investissent donc moins dans la région. Les économies latino-américaines souffrent de la réduction drastique des échanges commerciaux et de capitaux avec les États-Unis. A la fin des années 1940, des intellectuels comme Raúl Prebisch profitent de la création de l'ONU et de la CEPAL afin de penser un nouveau modèle économique qui permettra de développer la région = le modèle ISI.



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Raúl Prebisch, source : CEPALC


L'idée centrale repose sur l’asymétrie entre la production industrielle et la production de matières premières. L'Amérique latine produit et exporte principalement des matières premières, qui sont des biens à faible valeur ajoutée, et fabrique très peu de produits terminés, à plus forte valeur ajoutée. Les Etats latino-américains doivent donc importer ces produits finis à plus grande valeur ajoutée, créant un déficit commercial avec les Etats-Unis ou les pays du Nord en général.


En appliquant le modèle ISI, les pays d'Amérique latine doivent répondre à la demande intérieure en remplaçant les produits importés par le développement de la production locale. La théorisation de la CEPAL cherche à étendre ce modèle à tous les secteurs industriels jusqu'à créer une véritable « déconnexion » de ce que Raúl Prebisch appelle le centre[1]. En d'autres termes, il s'agit d'une politique protectionniste visant à réduire la dépendance de la région vis-à-vis des États-Unis.


Le modèle ISI repose sur trois idées :

  1. Une politique protectionniste dans un premier temps afin de limiter les importations de biens et permettre la création d'une industrie locale compétitive. L'industrie locale est d’abord protégée de la concurrence étrangère pour lui permettre de se développer puis, une fois compétitive et développée, une politique tarifaire plus libérale peut être adoptée.


  2. Le rôle central de l'Etat dans la mise en œuvre de cette politique avec quatre fonctions spécifiques :

-Financement de l'activité industrielle privée

-Redistribution des revenus par le biais de politiques sociales dans les domaines de l'éducation, du logement et de la santé.

-Investissement de l'État dans des secteurs tels que la communication, les transports et l'énergie : participation de l'État au dépôt de brevets et à l'amélioration de la productivité.

-Création d'entreprises publiques productives


  1. La création d’un écosystème industriel complet : toutes les étapes du processus de fabrication d’un bien doivent se trouver sur le territoire national en passant de l’extraction/de la production de la matière première à la finalisation du produit terminé.


Les résultats macroéconomiques du modèle ISI ont été très limités. La compétitivité et la productivité des entreprises ne se sont guère améliorées. Cette situation a été aggravée par le fait que l'État n'a pas suffisamment investi dans la formation et l'enseignement supérieur pour jouir d’une main d’œuvre plus qualifiée et d’un meilleur capital humain. En outre, les entreprises semi-publiques créées par le modèle ISI ont donné lieu à du clientélisme, ces dernières ayant besoin du financement de l'État. Malgré cela, le modèle ISI a permis à la plupart des pays de la région d'être autosuffisants sur le plan énergétique.


[1] La théorie centre-périphérie de Raul Prebisch suppose que la périphérie se spécialise entièrement dans la production de matières premières, qui sont exportées vers le centre en échange de produits manufacturés. Les bénéfices des secteurs secondaire et tertiaires reviennent au centre et sont dépensés par et dans le centre. Les bénéfices provenant de la production de matières premières sont réalisés dans la périphérie et dépensés dans le centre (transférés au centre). Par conséquent, les entreprises du centre répondent à une demande qui provient à la fois du centre et de la périphérie. L’Amérique Latine se trouve dans la périphérie. Raúl Prebisch y la dinámica económica: crecimiento cíclico e interacción entre el centro y la periferia | CEPAL


Bibliographie




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