Le castrisme
- LatamSinFiltro

- 11 sept.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 oct.

Définition
Le castrisme ou le fidélisme est un courant de pensée révolutionnaire anti-impérialiste et nationaliste cubain, dont le nom fait référence à l’ancien guérillero et président de Cuba, Fidel Castro.
Le castrisme est mouvement politico-social connu dans le monde entier, qui a influencé d’autres courants de pensées en Amérique latine ou même en Afrique. Cependant, il est bien propre à Cuba, à son histoire et profondément lié à la révolution cubaine menée contre Fulgencio Batista dans les années 1950 (1953-1959).
Le castrisme doit être compris de la manière suivante : c’est tout d’abord un courant de pensées mais également une série d’actions liées à Fidel Castro. On peut dire que le castrisme a cessé d'exister lorsque Fidel est décédé, car il était en effet le protagoniste de cette idéologie. La figure charismatique de Fidel, le “Lider Maximo”, est essentielle au maintien du régime castriste (1959-2008). C’est une dictature fondée sur un culte de la personnalité et la personnification de tout un peuple et de tout un processus révolutionnaire en un seul individu (Sotelo, 1997). Sous Castro, le concept d'opposition politique n’existe pas et ne doit pas exister : syndicalistes, auteurs et intellectuels – nombre d'entre eux furent arrêtés ou exécutés par le régime. Jusqu'en 1976, le régime de Castro n'a pas de Constitution, Fidel fait un peu ce qu’il veut avec le pays. Selon le nouveau texte, le caractère socialiste de la république cubaine est inaliénable. Il existe peu d’organes politiques et ils n’ont que très peu de pouvoirs ; tout le pouvoir est concentré entre les mains de Fidel, c’est un pouvoir vertical.
Fidel déclare à partir de 1961 que son idéologie est marxiste-léniniste, néanmoins, la plupart des principes marxistes d'égalité ou de société sans classes ont été violés à maintes reprises par le régime (Faure, 2010). En réalité, Fidel est prêt à tout pour rester au pouvoir, quitte à se contredire. Après la révolution, il utilise la doctrine communiste soviétique afin d’obtenir les faveurs de l'Union soviétique, alors qu’il critiquera plus tard, notamment dans les années 1972, l'URSS et Staline, préférant par exemple, le modèle socialiste chinois, surtout en matière de politique étrangère.
Le régime de Castro a résisté à plus de 600 complots (Skierka, 2006) et aussi à Washington, qui n'a pas réussi à prendre le contrôle de l'île comme les Etats-Unis ont pu le faire pour plusieurs pays d'Amérique latine pendant la Guerre froide. Fidel a su restaurer la fierté nationale de Cuba. Après la chute de Batista, Cuba est devenue politiquement indépendante.
Un véritable imaginaire s’est créé autour du castrisme; celui d’un communisme exotique, défendu par des guérilleros vêtus d’uniformes de soldats, fumant des cigares dans la forêt tropicale cubaine.

Fidel cite fréquemment le révolutionnaire José Martí comme source d'inspiration. On retrouve des références à Martí dans plusieurs discours de Castro, où il le qualifie de “maître” ou “d'apôtre” (Bénat-Tachot, 2010). Fidel se considère comme son disciple et son héritier. Il parle de José Martí comme s'il était le Christ. Tout cela contribue à l'imaginaire castriste.
“Nos pensées se tournent vers ce jour heureux pour notre pays, en 1853, lorsque l’apôtre Martí est né”.
-Discours de Fidel Castro, le 28 janvier 1960
“Car il est bon de se rappeler que lorsque le Christ chercha des hommes pour prêcher sa doctrine, il ne chercha pas douze propriétaires terriens de Palestine, mais plutôt douze pêcheurs ignorants et humbles. [...]Ceux de l’Armée rebelle étaient également des hommes humbles”.
-Discours de Fidel Castro à l'Université de La Havane, le 27 novembre 1959
Pour résumer tout cela, on peut dire que la « doctrine » castriste est basée sur la prise du pouvoir par la lutte armée (révolution), qui consiste à créer des “foyers de guérilla” (“focos”). Le concept de justice est prééminent dans l’idéologie castriste. La révolution victorieuse est le résultat de la lutte armée pour la justice. Les idées de nationalisme, d’anti-impérialisme et de « conscience révolutionnaire » sont centrales. Certains auteurs considèrent qu'il n’est même pas pertinent de relier le castrisme à la doctrine marxiste-léniniste.
Qui est Fidel Castro ?
Fidel Castro est né en 1926 dans la ferme de son père à Birán, dans l'ancienne province d'Oriente. Son père, Ángel Castro Argiz, était un émigré espagnol. Fidel a eu la chance de pouvoir aller à l'école et, en 1945, il entre à l'Université de La Havane pour étudier le droit. Il s'intéresse vraiment à la politique à partir de sa troisième année, au cours de laquelle il étudie le droit, le droit diplomatique et la sociologie.
A l’université, il a accès à divers ouvrages politiques, ce qui lui permet de forger ses propres opinions. Influencé par les idées de José Martí, Fidel se présente désormais comme un anti-impérialiste. À 21 ans, il se présente à la présidence de la Fédération étudiante universitaire (FEA) et prononce son premier discours en public, dans lequel il dénonce la corruption et la violence du régime de Grau San Martín.
Il commence à sympathiser avec Eduardo Chibas, le fondateur du Parti orthodoxe, et entreprend des actions militantes pour dénoncer le régime mis en place.
En 1948, Castro épouse Mirta Diaz-Balart, une étudiante en philosophie issue d'une riche famille havanaise. Lors des élections présidentielles de 1952, le général Fulgencio Batista organisa un coup d'État. C’est là que commencent les actions révolutionnaires de Fidel.
Il prépare, avec son frère Raúl et d'autres opposants à Batista, un assaut sur la caserne de Moncada, dans la province d’Oriente, le 26 juillet 1953 : c'est le début de la révolution.

En janvier 1959, Fidel et ses troupes parviennent finalement à renverser Fulgencio Batista et devient le Premier ministre de la République de Cuba jusqu'en 1976, avant de devenir officiellement président de la République. Il gouvernera l'île jusqu'en 2008 et mourra huit ans plus tard, en 2016.
Après la mort de Fidel Castro
Les avis divergent quant à la survie du castrisme après la mort de Fidel : dans la presse, les titres d’articles affirment que même après la mort de Fidel, et même celle de Raúl, le castrisme continue d’exister.
Dans la littérature universitaire, de nombreux auteurs affirment que le castrisme a disparu avec Fidel, car Fidel incarnait le régime. Il n'accordait pas beaucoup d'importance à l'avenir de son régime après sa mort. C'était un personnage plutôt égocentrique. Raúl a dû réformer les institutions et les adapter en espérant que le castrisme substituerait après la disparition de Fidel, car sans lui, le régime a perdu sa légitimité (Habel, 2009). D'autres auteurs affirment que le castrisme avait déjà commencé à s'essouffler avant la mort du Lider Maximo.
#castrismo #castrime #fidelcastro #cheguevara #ernestoguevara #révolution #cuba #histoire #politique #josemarti #raulcastro
Bibliographie :
Bénat-Tachot, & Louise. (2010). De l’évocation à l’incantation, de l’incantation à la preuve. Les usages de la mention de José Martí par Fidel Castro (1953-1962). Http://Journals.Openedition.Org/Mots, 93, 9–26. https://doi.org/10.4000/MOTS.19827
Discurso pronunciado por el comandante Fidel Castro Ruz, en el parque Céspedes de Santiago de Cuba (n.d.). September 10, 2025, from http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1959/esp/f010159e.html
Faure, M. (2018). Cuba en 100 questions (Tallandier).
Geoffray, M. L. (2024). Castrisme. Dictionnaire Politique de l’Amérique Latine. https://doi.org/10.4000/12TKC
Habel, J. (2009). Raúl Castro a la hora de las decisiones. América Latina Hoy , 52. https://doi.org/10.14201/ALH.5677
Ruiz Galbete, & Marta. (2018). ¿“Fidelismo sin Fidel”? El Congreso por la Libertad de la Cultura y la Revolución Cubana. Http://Journals.Openedition.Org/Histcrit, 2018(67), 111–132. https://doi.org/10.7440/HISTCRIT67.2018.06
Skierka, Volker "Cuba: escenarios después de Castro." Papeles de cuestiones internacionales 95 (2006): 61-67.
Sotelo, I. (1997). Vista de Para una definición del castrismo. https://revistas.comillas.edu/index.php/razonyfe/article/view/20033/17714




Commentaires