Les latinos travaillent-ils réellement moins que nous ?
- LatamSinFiltro
- 23 juin
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juil.
En Occident, de nombreux stéréotypes existent sur les latinos, dont celui-ci: “les latinos ne travaillent pas”. Aux États-Unis, face aux arrestations et expulsions massives de migrants sans papiers (principalement latino-américains) menées par l'ICE (Service de l'immigration et des douanes) des manifestations ont été organisées à Los Angeles (Californie) pour dénoncer d'une part, les expulsions injustifiées de personnes travaillant et participant à la société américaine et, d'autre part, la rhétorique d'extrême droite qui compare trop souvent les migrants latino-américains à des trafiquants de drogue ou à des criminels. En quelques jours, les manifestations se sont propagées dans tout le pays. Les manifestants dénoncent également un abus de pouvoir de la part du président Trump.
Afin de répondre à ce stéréotype, nous étudierons dans un premier temps les conditions de travail en Amérique latine, puis nous analyserons rapidement la contribution des migrants latino-américains à l'économie américaine. Comme toujours, toutes les données et informations proviennent de la littérature universitaire et de rapports d'organisations internationales et de gouvernements. Je vous invite à consulter la bibliographie à la fin de cet article si vous souhaitez approfondir le sujet.
Le marché du travail en Amérique latine : faible productivité, longues heures de travail et informalité
Productivité
Tout d’abord, quelques définitions pour comprendre de quoi on parle quand on utilise le terme de “productivité” :
Productivité totale des facteurs : On divise la quantité de biens ou de services produits par l’ensemble des facteurs de production utilisés : travail, capital, terre et innovation numérique/technologie. La productivité est un concept qui permet de mesurer la capacité d’un pays à produire et à générer des revenus avec tous les facteurs ( les ressources) utilisés. L’objectif est de faire plus avec moins : produire plus de biens/services avec moins de capital, moins d’heures de travail, moins d’employés, etc.
La productivité peut également être mesurée par heure : elle est calculée en divisant la quantité de biens ou de services produits par le nombre d'heures travaillées ou par le nombre de personnes employées.
En 2022, la productivité horaire moyenne en Amérique latine était de 22,1 $ (US).[4] En comparaison, dans les pays de l’OCDE, la productivité horaire moyenne était trois fois plus élevée, soit 66,7 dollars par heure. Aucune économie latino-américaine n’a enregistré une productivité horaire similaire ou supérieure.
Ci-dessous trois graphiques comparant la productivité totale des facteurs, la productivité horaire et et le ratio de productivité des pays d’Amérique latine avec celles de l’OCDE :
Croissance de la productivité totale des facteurs, 2020-2022
(moyenne de l'Amérique latine en bleu foncé)

Le ratio productivité, 2022 (en dollars internationaux)

La productivité horaire, 2022 (en dollars internationaux)

Dans les trois graphiques, on observe que la productivité des pays d'Amérique latine est bien inférieure à celle des pays de l'OCDE. Ce rapport indique également qu'entre 2000 et 2022, la productivité de la région s’est à peine améliorée.
Cette faible productivité latino-américaine est-elle le résultat de peu d’heures travaillées ?
La réponse est bien évidemment non, au contraire. Les Latino-Américains travaillent beaucoup car la productivité est très faible. Voyons maintenant combien d'heures par semaines travaillent les Latino-Américains.
La journée de travail en Amérique latine
Selon un rapport publié par l'Organisation internationale du travail (OIT) en 2022[1], entre 2005 et 2016, peu de pays de la région ont réduit la journée de travail des salariés du secteur privé. L’Equateur réduit la semaine de travail de 44 à 40 heures en 1980. Au début du XXIe siècle, le Chili réduit la semaine de travail de 48 à 45 heures. Le changement le plus récent a eu lieu en Colombie, qui décide en 2021 de réduire la semaine de travail de 48 à 42 heures. Cette réduction est réalisée progressivement, les 42 heures seront appliquées en 2026. Pour les travailleurs indépendants, tels que les agriculteurs, les artisans ou les personnes travaillant au noir (économie informelle), le nombre d'heures travaillées dépend de l'activité exercée et des revenus qu'elle génère. Les activités à faible revenu, comme celles liées à l'agriculture, entraînent de longues journées de travail. En Colombie, les agriculteurs travaillent souvent jusqu'à 70 heures par semaine.
Le rapport indique qu'en moyenne, la durée du travail en Amérique latine a diminué de 1,4 heure entre 2005 et 2016. L'OIT souligne que cette réduction ne représente pas nécessairement un changement à long terme, mais plutôt une adaptation au contexte économique et à la demande internationale. En 2016, plus de 50 % des travailleurs latino-américains (tous secteurs de l'économie formelle confondus) travaillaient entre 35 et 48 heures par semaine.
Un autre document publié par l'OIT en 2023 compare la durée légale du temps de travail par semaine, le nombre maximal d'heures travaillées par semaine et le nombre de congés annuels payés des pays d'Amérique latine avec ceux des pays de l'OCDE.
La durée légale du temps de travail par semaine

La durée maximale hebdomadaire du travail

Les congés payés

On constate que la plupart des pays de l'OCDE travaillent 40 heures par semaine alors que les pays d'Amérique latine travaillent entre 41 et 48 heures par semaine. De plus, dans de nombreux pays de la région, la durée maximale hebdomadaire légale est de 60 heures ou plus, tandis que dans la plupart des pays de l'OCDE, elle s’élève à 48 heures. Enfin, les travailleurs des pays de l'OCDE bénéficient de deux fois plus de congés payés annuels que les travailleurs latino-américains. L'informalité reste persistante en Amérique latine, avec un taux d'informalité de 47,6 % en 2024.[2], une part importante des travailleurs de la région n’ont pas accès à ces congés payés.
Enfin, au moins 8 pays d’Amérique latine dépassent la moyenne mondiale de 43,9 heures hebdomadaires travaillées [3]:
Colombie : 46,6 heures
Guatemala : 45,3 heures
Mexique : 45,2 heures
Honduras : 44,9 heures
El Salvador : 44,8 heures
Pérou : 44,7 heures
Costa Rica : 44,5 heures
Dorénavant si vous entendez quelqu'un dire que les Latino-Américains sont paresseux, vous pourrez lui montrer cet article !
Qualité de l'emploi
Un rapport de la Banque mondiale publié en octobre 2024 [5] propose d'étudier la qualité de l'emploi dans la région à travers la création de son propre indice de qualité de l'emploi (ICE). Cet indice est basé sur quatre éléments :
Avantages : Évaluer l’accès à l’assurance maladie ou à une pension de retraite.
Revenu : Évalue si les salaires dépassent le seuil de pauvreté fixé à 6,85 USD par jour.
Satisfaction : évalue la satisfaction des travailleurs à l’égard de leur travail, en supposant une satisfaction plus faible pour ceux qui travaillent plusieurs emplois.
Sécurité : Évalue la stabilité de l’emploi, y compris le statut et la durée du contrat.
Plus l’ICE est élevé, plus il indique une bonne qualité d’emploi. Je ne dispose pas des compétences pour vous dire si cet indicateur est complet ou s’il comporte des limites/des imperfections, probablement que oui. Évaluer la qualité d’un emploi n’est pas vraiment simple, les critères d’évaluation sont subjectifs. Vous pouvez bien évidemment consulter le rapport de la Banque Mondiale et voir de plus près la méthodologie utilisée et vous faire votre propre avis sur la question. Dans cet article, on utilisera cet indice comme référence.
Indice de qualité de l'emploi en Amérique latine et aux Caraïbes, par pays

La Banque mondiale indique que l'ICE stagne dans la plupart des pays latinoaméricains depuis 2016 environ. Seuls le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Salvador et le Mexique ont enregistré de modestes améliorations de cet indicateur. On constate également qu'entre 2016 et 2023, la qualité de l'emploi s'est dégradée ou est restée inchangée en Argentine, en Bolivie, en Équateur, au Panama, au Pérou et en Uruguay.
Un article publié en 2023 par des chercheurs de l'Université de Buenos Aires[6]ont proposé une analyse de la qualité de l'emploi en Amérique latine à partir de données recueillies lors de diverses enquêtes nationales menées dans les pays de la région et du nombre d'affiliés à la sécurité sociale. L'article compare les niveaux de revenus et l'accès à la sécurité sociale dans différents pays d'Amérique latine en fonction de la taille de l'établissement et du niveau de qualification de ses travailleurs. Cet article propose également d’analyser le cas des travailleurs indépendants.
Les résultats démontrent que le marché du travail en Amérique latine ne constitue pas un groupe homogène, les résultats sont assez différents dans chaque pays. Cependant, ils ont pu observer que plus l'établissement est important et plus le niveau de qualification de ses employés est élevé, plus le niveau de revenu est élevé.
Le taux d'accès à la sécurité sociale est faible dans tous les pays de la région. Plus l'établissement et le niveau de qualification sont importants, plus ce taux augmente.
Enfin, les travailleurs indépendants sont principalement des travailleurs peu qualifiés qui gagnent moins que des travailleurs à qualifications égales mais salariés.
La participation des migrants latino-américains à l'économie américaine
Revenons maintenant à la question des États-Unis. Nous allons voir ci-dessous que les migrants latino-américains, notamment mexicains, contribuent à l'économie américaine, et que comparer systématiquement les Latino-Américains à des criminels ou à des trafiquants de drogue pourrait donc être considéré comme de la diffamation. N'oubliez pas que les généralités sont souvent fausses et qu'une chose, une situation, est rarement totalement bonne ou mauvaise. Il est essentiel de savoir nuancer son discours.
La contribution des migrants latino-américains à l'économie américaine
Les immigrants latino-américains représentaient 8 % de la main-d’œuvre américaine en 2009. 1 travailleur sur 12 était un migrant latino-américain. En 2010, les travailleurs latino-américains ont contribué à hauteur de 7 % au PIB des États-Unis.[7]
Entre 2000 et 2007, les minorités ethniques et immigrées constituent la partie de la population qui a le plus contribué à la croissance économique américaine, représentant près de 52 % de la croissance du PIB. Parmi ces minorités, les Latino-Américains, représentant près de 17 % de cette croissance, constituent la minorité ethnique qui contribue le plus à la croissance économique américaine.
En 2022, près de 2 Américains d’origine hispanique sur 3 (66,3 %) travaillaient ou cherchaient activement du travail.[8] Ce taux de participation est supérieur de plus de 5 points de pourcentage à celui des personnes blanches nées aux États-Unis. Près de 5 millions d'entreprises propriétés de Latino-Américains contribuent chaque année à l'économie américaine à hauteur de plus de 800 milliards de dollars. Le nombre d'entreprises détenues par des Hispaniques a augmenté de 14 % entre 2012 et 2017.
Cependant, leur productivité est inférieure à celle des natifs, la plupart d’entre eux occupant des emplois moins productifs ou peu qualifiés. Cela ne signifie pas qu'aucun migrant n'est incapable d'accéder à des emplois hautement qualifiés ; cela signifie simplement que la majorité des migrants latinos accèdent à des emplois peu productifs et peu qualifiés.
S'il est vrai que les migrants latino-américains contribuent moins à l'économie américaine que les Blancs nés aux États-Unis (ce qui semble logique, non ?), leur contribution a augmenté au fil du temps, à mesure que l'immigration vers les États-Unis continue d'augmenter.
On notera également qu'il existe une discrimination salariale entre les natifs et les immigrants latino-américains. Ils ont tendance à travailler davantage pour moins.
Enfin, on soulignera le rôle des femmes latinoaméricaines. En 2021, les femmes latino-américaines ont généré 1,3 milliard de dollars, montant dépassant le PIB d'États comme la Floride, par exemple. [9] En réalité, seuls les PIB de la Californie, du Texas et de l'État de New York étaient supérieurs à celui des Latinas. De 2010 à 2021, la contribution économique des Latinas a augmenté de 51,1 % et le PIB réel des femmes hispaniques a augmenté 1,2 fois plus que celui des hommes hispaniques et 2,7 fois plus que celui des hommes non hispaniques.
La contribution des Mexicains
Les Mexicains représentent 60 % des travailleurs latino-américains aux Etats-Unis et représentant l’éthnie générant la plus grande part du PIB américain. Cependant, les Mexicains sont ceux qui affichent les niveaux de productivité les plus faibles par rapport aux Sud-Américains ou aux Caribéens.
Selon les données du gouvernement mexicain [10] et comme l'a déclaré la présidente Claudia Sheinbaum Pardo lors d'une conférence de presse, seulement 20 % des revenus générés par les Mexicains aux États-Unis sont envoyés au Mexique sous forme de transferts de fonds. Le gouvernement souligne que :
En 2024, les Mexicains nés aux États-Unis ont contribué à hauteur de 781 milliards de dollars au PIB.
En 2022, les immigrants mexicains sans papiers ont payé près de 100 milliards de dollars d’impôts.
Les immigrants mexicains complètent la main-d'œuvre américaine dans des secteurs essentiels. Leur travail représente :
5 % des travailleurs des industries laitières et de la viande
20 % des travailleurs de l'industrie manufacturière et des agriculteurs
15% des travailleurs des secteurs de l'éducation et de la santé
28% des assistants de santé
25 % des ouvriers du bâtiment
Conclusion
En guise de conclusion, les stéréotypes ne sont bien trop souvent que des stéréotypes… Les Latino-Américains ne travaillent pas moins que les Occidentaux ; bien au contraire. Cela ne signifie pas que les Occidentaux ne travaillent pas, mais simplement qu'ils mettent notamment moins de temps à produire le même produit/service que les travailleurs latino-américains. C'est une question de productivité. Les généralités et les stéréotypes peuvent être dangereux lorsqu'ils sont diffusés par des personnalités importantes, comme des représentants du gouvernement. Il faut apprendre à identifier ce type de désinformation. Aux États-Unis, la majorité des immigrants latino-américains sont des travailleurs et participent à la société américaine. Malheureusement, il existe aussi des narcotrafiquants et des criminels, mais on ne doit pas mettre tout le monde dans le même panier.
[1] Andrés Marinakis, “Situación y perspectivas de la jornada de trabajo en América Latina”, Organizacion Internacional del Trabajo (OIT), 2022 https://chile.un.org/sites/default/files/2022-02/wcms_837571.pdf
[2] “Avances en el empleo en América Latina y el Caribe son insuficientes | International Labour Organization”, el 6 de febrero de 2025, https://www.ilo.org/es/resource/news/panorama-laboral-2024-america-latina-caribe-empleo-brechas-informe.
[3] “Trabajo y productividad en la región más desigual del mundo: América Latina – ISEPCI”, consultado el 22 de junio de 2025, https://isepci.org.ar/trabajo-y-productividad-en-la-region-mas-desigual-del-mundo-america-latina/.
[4] Impulsando la productividad en América Latina. Lima: OIT / Oficina Regional para América Latina y el Caribe, Oficina de Actividades para los Empleadores (ACT/EMP), 2023. 90 pp. https://www.ilo.org/sites/default/files/wcmsp5/groups/public/@ed_dialogue/@act_emp/documents/publication/wcms_906015.pdf
[5] “Tendencias recientes de pobreza y desigualdad América Latina y el Caribe Octubre 2024” World Bank Group, 2024, https://documents1.worldbank.org/curated/en/099101724185031291/pdf/P50609514d5e250b919807109289007e31d.pdf
[6] Fernández-Franco, Sebastián, et al. "Calidad del empleo y estructura del mercado de trabajo en América Latina desde una perspectiva comparada." Ensayos de economía 32.61 (2022): 124-151. http://www.scielo.org.co/scielo.php?pid=S2619-65732022000200124&script=sci_arttext#fn15
[7] “Contribución de Los Migrantes Latinoamericanos al PIB de Los Estados Unidos de América”, ResearchGate, consultado el 22 de junio de 2025, https://doi.org/10.13140/RG.2.1.2729.7046.
[8] United States Joint Economic Committee, “Fast Facts about the Economic Status of Hispanic Americans - Fast Facts about the Economic Status of Hispanic Americans - United States Joint Economic Committee”, consultado el 22 de junio de 2025, https://www.jec.senate.gov/public/index.cfm/democrats/2022/9/fast-facts-about-the-economic-status-of-hispanic-americans.
[9] Matthew Fienup, “Dando Vida a La Economía – Latinas Give Life to the U.S. Economy”, Center for Economic Research and Forecasting (blog), el 28 de agosto de 2024, https://www.clucerf.org/2024/08/28/dando-vida-la-economia-latinas-give-life-u-s-economy/.
[10] Presidencia de la República, “Las y los migrantes contribuyen a la economía de Estados Unidos: Presidenta Claudia Sheinbaum; en 2024 aportaron al PIB de EUA 781 mil mdd”, gob.mx, consultado el 22 de junio de 2025, http://www.gob.mx/presidencia/prensa/las-y-los-migrantes-contribuyen-a-la-economia-de-estados-unidos-presidenta-claudia-sheinbaum-en-2024-aportaron-al-pib-781-mil-mdd?idiom=es.
Bibliographie :
« Avances en el empleo en América Latina y el Caribe son insuficientes | International Labour Organization », 6 février 2025. https://www.ilo.org/es/resource/news/panorama-laboral-2024-america-latina-caribe-empleo-brechas-informe.
Committee, United States Joint Economic. « Fast Facts about the Economic Status of Hispanic Americans - Fast Facts about the Economic Status of Hispanic Americans - United States Joint Economic Committee ». Consulté le 22 juin 2025. https://www.jec.senate.gov/public/index.cfm/democrats/2022/9/fast-facts-about-the-economic-status-of-hispanic-americans.
Fienup, Matthew. « Dando Vida a La Economía – Latinas Give Life to the U.S. Economy ». Center for Economic Research and Forecasting (blog), 28 août 2024. https://www.clucerf.org/2024/08/28/dando-vida-la-economia-latinas-give-life-u-s-economy/.
República, Presidencia de la. « Las y los migrantes contribuyen a la economía de Estados Unidos: Presidenta Claudia Sheinbaum; en 2024 aportaron al PIB de EUA 781 mil mdd ». gob.mx. Consulté le 22 juin 2025. http://www.gob.mx/presidencia/prensa/las-y-los-migrantes-contribuyen-a-la-economia-de-estados-unidos-presidenta-claudia-sheinbaum-en-2024-aportaron-al-pib-781-mil-mdd?idiom=es.
ResearchGate. « (PDF) Contribución de Los Migrantes Latinoamericanos al PIB de Los Estados Unidos de América ». Consulté le 22 juin 2025. https://doi.org/10.13140/RG.2.1.2729.7046.
« Trabajo y productividad en la región más desigual del mundo: América Latina – ISEPCI ». Consulté le 22 juin 2025. https://isepci.org.ar/trabajo-y-productividad-en-la-region-mas-desigual-del-mundo-america-latina/.
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